Une nouvelle politique qui vise à préserver les intérêts des pays membres face à l'impasse que constitue désormais la démarche adoptée depuis des mois par l'Organisation, sous la houlette de l'Arabie Saoudite.Celle-ci préconise, au même titre que d'autres pays du Golfe, de privilégier les parts de marché en laissant chuter les prix, alors que l'Algérie et l'Iran ou encore le Venezuela préconisent de privilégier les prix en agissant pour stopper l'érosion de leurs revenus. Aucune des réunions ayant réuni les membres de l'OPEP ces derniers mois n'a permis de rapprocher les points de vue des pays membres, en vue de réduire la production et influer sur les cours, ce qui pousse aujourd'hui certains pays membres à proposer une nouvelle stratégie. Ainsi selon un rapport interne de l'Organisation révélé par l'agence Reuters, l'Algérie et l'Iran proposent un retour de l'OPEP à sa stratégie antérieure de soutien des cours via l'ajustement de l'offre. Fraîchement réhabilitée au sein de l'OPEP après son accord sur le nucléaire avec les pays occidentaux et la levée des sanctions économiques qui la ciblaient, Téhéran recommande plus précisément de «conclure un accord sur un prix du pétrole juste et raisonnable pour les six à douze prochains mois» et de fixer un plafond de production pour révisable tous les six à douze mois. «Personne n'est satisfait des prix actuels du pétrole. Il faut que l'OPEP prenne une décision sur le règlement du marché de l'offre et de la baisse de la production», a déclaré M. Zanganeh, cité par l'agence Bloomberg. Les ministres des pays de l'Organisation doivent se réunir le 4 décembre à Vienne pour décider d'une éventuelle prolongation de la stratégie actuelle qui vise à faire baisser les cours pour pénaliser l'offre des pays dont les coûts de production sont supérieurs à ceux de l'OPEP. Depuis l'adoption de cette stratégie, en novembre 2014, la production de l'OPEP a augmenté mais la baisse des cours s'est accentuée, plombant les recettes pétrolières des pays membres. Selon le rapport de l'OPEP, la demande mondiale pour le pétrole brut produit par l'organisation restera sous pression au cours des prochaines années, ce qui devrait alimenter les débats entre pays membres sur l'opportunité de continuer à défendre les parts de marché en favorisant la baisse des cours. Ce projet de rapport sur la stratégie à long terme de l'OPEP — dont l'objectif de production reste fixé à 30 millions de barils par jour — devrait légèrement reculer jusqu'en 2019 par rapport à son niveau de cette année, sauf ralentissement plus rapide qu'attendu de celle des producteurs non-OPEP, dont font partie les Etats-Unis et la Russie. Le rapport prévoit une lente remontée des prix au cours des prochaines années avec un cours moyen du panier OPEP à 55 dollars cette année et une hausse de 5 dollars par an qui le porterait à 80 dollars en 2020. En septembre dernier, les pays membres de l'OPEP ont produit 31,57 millions de barils par jour en moyenne, dépassant ainsi pour le onzième mois consécutif leur propre quota d'extraction établi à 30 millions de barils/jour. Dans le même temps, l'OPEP évalue actuellement la demande quotidienne pour son pétrole à 29,6 millions de barils et reconnaît ainsi une surproduction quotidienne de près de 2 millions de barils.