L'équipe de Magda Wasef, directrice du festival, a choisi l'une des icônes du cinéma arabe pour illustrer tous les visuels de l'une des plus importantes manifestations cinématographiques au Moyen-Orient et en Afrique. Disparue en janvier 2015 à l'âge de 83 ans, Faten Hamama a marqué d'une pierre blanche l'histoire du 7e art égyptien depuis le début des années 1940 avec les films de Mohamed Kareem, Yaoum Saïd (Jour heureux) et Donia. Faten Hamama a tourné avec les plus illustres cinéastes égyptiens, comme Youssef Chahine, Salah Abu Seif et Henry Barakat. Magda Wasef a signé l'éditorial d'un petit livre consacré à Faten Hamam, Omar Sharif et Nour Al Sharif, Immortal Egyptian Stars, où elle a rappelé que les trois artistes ont disparu la même année, l'un après l'autre. Walid Seif, qui a consacré une biographie complète à Nour Al Sharif et à ses «visages sans masque», a relevé que l'acteur, metteur en scène et producteur est l'un des plus primés de l'histoire du grand écran en Egypte. Il a décroché au bout d'une carrière entamée à la fin des années 1960 une quarantaine de prix et de titres à travers le monde. En juin 2015, le Festival d'Oran du film arabe a distingué Nour Al Sharif en lui accordant le prix de la meilleure interprétation masculine pour son rôle dans l'étonnante comédie du jeune cinéaste Amir Ramsis, Al rabiaa bi tawqit Al Kahira (16h à l'heure du Caire). Le critique Mahmoud Kacem s'est intéressé, lui aussi, aux différents visages de Omar Sharif «devenu l'exemple à suivre pour toutes les générations». Mahmoud Kacem a rappelé que la carrière d'Omar Sharif a été véritablement lancée après avoir partagé le rôle principal avec Faten Hamama. Des destins croisés donc. Omar Sharif a été dirigé par des cinéastes égyptiens, tels que Youssef Chahine et Atef Salem. Le festival a programmé des films où les trois acteurs ont interprété des rôles pour les projeter en tribute aux disparus tels que La destinée et Une histoire égyptienne, de Youssef Chahine, La rivière de l'amour, de Ezzeldine Zoulfikkar, Docteur Jivago, de David Lean… Pour la compétition officielle 2015, le comité du Festival a ouvert la voie au cinéma venant de l'Europe orientale, de l'Europe du Nord et de l'Asie avec la présence de films tels que 1944, de l'Estonien Elmo Nugaben, Our everdyay life (Notre vie de tous les jours) de la Bosniaque Ines Tanovic, The high sun (Le soleil haut), du Croate Dalibor Matanic, Virgin mountain, de l'Islandais Dagur Kari, Le trésor, du Roumain Corneliu Porumboiu, Mina walking (La marche de Mina), de l'Afghan Yosef Baraki, In your arms (Dans vos bras), du Danois Samanou Acheche Sahlstrom (ce long métrage a décroché le prix des critiques de la puissante Fipresci au Festival de Göteborg en Suède) et Madonna, de la Coréenne Shin Su-Won. L'Egypte défend ses couleurs avec Min dhahri rajel, de Karim El Sobky (connu surtout pour ses films grand public) et Al Leila el kabira (La grande nuit) de Sameh Abdelaziz. L'Algérie est représentée dans la sélection officielle du film avec Madame Courage, le dernier long métrage de Merzak Allouache. Le cinéaste algérien n'a pas fait de déplacement au Caire pour cause de maladie. Merzak Allouache a choisi des comédiens débutants, comme Adlane Djemil et Lamia Bezouaoui, pour ce drame social qui raconte l'histoire d'un jeune marginal vivant dans un quartier populaire à Mostaganem où il s'adonne à des psychotropes. Madame Courage est sélectionné également aux 26es Journées cinématographiques de Carthage à Tunis (JCC) prévues du 21 au 28 novembre 2015. Le Puits, de Lotfi Bouchouchi, primé récemment au Festival d'Alexandrie, est choisi aussi à la sélection officielle des JCC. Le jury du 37e Festival international du film du Caire est présidé par le producteur britannique Paul Webster, secondé par l'actrice égyptienne Dalia El Behery, de la réalisatrice marocaine Leila Marrakchi, du cinéaste péruvien Jonatha Relayze Chiang, de la productrice française Anne Dominique Toussaint, du réalisateur égyptien Marwan Hamed, de l'actrice indienne Radhika Apte et du cinéaste géorgien George Ovashvili. Le jury accorde sept prix, dont la Pyramide d'or du meilleur film et le prix Naguib Mahfouz du meilleur scénario. Le Festival du Caire se distingue avec des sections parallèles fort intéressantes comme «Le festival des festivals» où sont projetés des films primés ailleurs dans le monde comme Guilty (Coupable) de l'Indien Meghna Gulzar, ou Ode to my father (Ode à mon père) du Coréen Jk Youn, Why me ? (Pourquoi moi ?), du Roumain Tudor Giurgiu, Evreything will be fine (Tout entrera dans l'ordre), de l'Allemand Wim Wenders, Hilda, du Mexicain Andres Clariond Rangel, +14, du Russe Andrei Zaitsev, Avoir 14 ans, de la Française Hélène Zimmer, et Enclave du Serbe Goran Radovanovic. Des projections spéciales sont programmées pour des films réalisés par des jeunes cinéastes comme Hadiya min al madhi (Un cadeau du passé), de l'Egyptienne Kawthar Younis, Daughter (La fille), de la Pakistanaise Afia Nathaniel, Babai, du Kosovar Visar Morina, They named me Malala (Ils m'ont appelée Malala) de l'Américain Davis Guggenheim, Murder in Pacot (Meurtre à Pacot), du Haïtien Raoul Peck. Le Festival du Caire braque ses projecteurs cette année sur le Studio Ghibli, l'un des plus célèbres studios de production du cinéma d'animation au monde. Studio Ghibli a été créé par le Japonais Hayao Miyazaki en 1985. Miyazaki est l'un des pères du manga japonais (Conan, le garçon du futur et Proco Rosso sont de sa création). Le 37e Festival international du film du Caire a été ouvert, le 11 novembre, par le film Ricki and the Flash, de l'Américain Jonathan Demme, qui raconte l'histoire d'une chanteuse de rock qui abandonne sa famille pour sa carrière musicale avant d'essayer de se reprendre. Jonathan Demme est connu surtout pour avoir réalisé, entre autres, Dangereuse sous tous rapports, Un crime dans la tête, Philadelphia et Le silence des agneaux. Il a également réalisé certains épisodes de la série télévisée Colombo. Toutes les projections des films se font au niveau du grand Opéra du Caire.