Dans ce sens, le CFA «souhaite vivement» ouvrir un nouvel espace à Tizi-Ouzou, probablement dans les locaux de l'ancien Institut français. «Les étudiants de la région de Kabylie représentent 6000 des 13000 entretiens réalisés annuellement» par l'ensemble des espaces CFA à travers le territoire algérien. C'est, entre autres, ce qu'ont appris les associations d'étudiants algériens en France qui ont participé, la semaine dernière, à une réunion de travail à Paris initiée par Campus France. Parmi ces associations, on trouve l'Union des étudiants algériens de France (UEAF), Droit aux étudiants algériens à la réussite (DEA Réussite), l'Association des étudiants algériens de Reims (AEAR), Etudiants et cadres algériens en France (ECAF), etc. «Afin d'assurer un meilleur accueil aux étudiants algériens désirant venir poursuivre leurs études en France, le CFA a voulu nous exposer sa volonté d'améliorer ses services concernant l'information, l'orientation et l'accompagnement des candidats.», indique à El Watan Nabil Kaci, président de DEA Réussite. Et d'ajouter :«Dans cette perspective, on a sollicité notre aide en tant qu'associations.» CFA compte créer bientôt un répertoire des associations d'étudiants algériens en France. Ce document sera communiqué à tous les étudiants qui entament leurs démarches de demande de visa d'études. L'établissement français veut également développer le programme France Alumni Algérie. C'est un réseau d'anciens étudiants et de professionnels algériens et français ayant eu une expérience dans les deux pays. A cet effet, un portail électronique est déjà mis en ligne. De plus, la direction de CFA mise sur la promotion de son Forum, organisé chaque année, pour que les étudiants algériens soient mieux informés. En outre, une nouvelle brochure d'information est réalisée pour simplifier l'explication de la «procédure Campus France» en cinq étapes. De même, le site [algerie.campusfrance.org] a bénéficié d'une mise à jour, le rendant plus accessible. Les responsables de CFA ont affirmé, par ailleurs, aux représentants des étudiants algériens que «la page facebook Campus France Algérie est de plus en plus performante car nous avons répertorié un certain nombre de questions qui reviennent souvent. En plus de cela, nous avons recruté une chargée de communication qui répond à tous ceux qui nous ont posés des questions. Aujourd'hui, nous recevons 600 messages par jour». Ces efforts de communication entrent dans la volonté d'informer davantage les étudiants sur l'évolution réglementaire et juridique du cadre général de l'accueil des étudiants étrangers en France. L'une des nouveautés cette année est, par exemple, la généralisation des guichets délocalisés des préfectures au profit des étudiants, mis en place en collaboration avec les établissements universitaires et les grandes écoles. Dans de nombreuses grandes villes françaises, comme à Rennes, des Centres de mobilité internationale (CMI) ont vu le jour depuis déjà plusieurs années. Cette procédure est désormais portée par une instruction du gouvernement français depuis le 3 septembre 2015. Il y a également un nouvel arrêté, publié le 1er septembre dernier, qui permet le traitement automatisé des données personnelles des étudiants étrangers — issus de 33 pays dont l'Algérie — dans le but de faciliter leur accompagnement et leur offrir un service d'e-administration. Cet arrêté, appelé «Traitement études en France» abroge et remplace l'arrêté «Traitement Campus France» du 6 août 2007. A signaler que le projet du titre de séjour pluriannuel portant la mention «étudiant», dont El Watan a fait écho antérieurement, est en attente d'examen par le Sénat français. Pas de quota pour les visas d'études Au-delà de s'assurer de la fluidité de l'information, la réunion entre les responsables de Campus France et le monde associatif estudiantin algérien renvoie à une logique communicationnelle plus ciblée. CFA, en particulier, semble vouloir répondre aux accusations de «publicité mensongère» qui se multiplient ces dernières années à cause des galères interminables des étudiants algériens en France (préfectures très exigeantes, inaccessibilité au logement universitaire, précarité financière, chômage, etc.), surtout que cela engendre l'augmentation incessante de leur échec universitaire. Autrement dit, une situation qui s'oppose frontalement au «rêve» vendu par Campus France, via ses brochures et son site internet, à des milliers d'étudiants algériens. Ainsi, ce premier rendez-vous entre Campus France et les associations estudiantines algériennes dans l'Hexagone a été l'occasion inespérée pour soulever plusieurs questions qui fâchent. D'abord, celle des supposés quotas annuels limitant le nombre de visas d'études délivrés aux Algériens. Les responsables de Campus France ont assuré à leurs interlocuteurs que «la délivrance des visas long séjour pour étudiants passe par une commission pédagogique qui juge uniquement l'aspect pédagogique de l'étudiant, et ne dépend en aucun cas d'une politique de quotas». A été abordé, ensuite, le problème de la qualité des entretiens précédant le dépôt de la demande de visa. Bien que ces entrevues soient décisives pour l'issue finale de la demande de visa, les candidats parlent souvent de critères arbitraires et de questions inappropriées. «Nous avons recueilli des exemples de questions posées lors de l'entretien professionnel. Certaines nous paraissent discriminatoires et trop personnelles. Aussi, les critères de sélection de certains dossiers sont étonnants et se basent, par exemple, sur le physique d'une personne. Allez-vous continuer à utiliser les mêmes méthodes de sélection», a demandé Aghiles Aït Mammar, vice-président de l'UEAF. «Il est vrai qu'il y a eu des comportements arbitraires et pas professionnels de certains recruteurs, mais nous avons restructuré nos équipes. Elles ont reçu une formation pour recruter les étudiants en se basant uniquement sur leurs motivations. Nos équipes n'ont plus le droit de poser des questions personnelles», répond Flora Stienne, responsable de CFA. Concernant la précarité financière des étudiants, souvent causée par un chômage de longue durée, les associations algériennes ont dénoncé «une injustice. Les démarches au niveau de la préfecture sont tellement longues, qu'il est impossible pour ces étudiants de commencer à travailler pratiquement durant toute la première année de leur arrivée. Ce sont les seuls qui circulent avec un récépissé où est mentionné : ‘n'est pas autorisé à travailler'». Il faut dire que même avec un titre de séjour étudiant, les Algériens doivent fournir une autorisation de travail, délivrée obligatoirement par l'inspection du travail, et se soumettre à une réglementation stricte limitant le nombre d'heures de travail. Tout cela dissuade les employeurs qui préfèrent recruter d'autres étudiants étrangers. Tout en avouant ces difficultés, liées particulièrement aux accords signés entre la France et l'Algérie comme celui de 1968, les responsables de Campus France ont évoqué une certaine responsabilité des étudiants eux-mêmes. La représentante de CFA l'a expliqué comme suit : «L'année dernière, le doyen d'une université m'a appelé en m'expliquant qu'un étudiant algérien est arrivé en France avec seulement 300 euros. Nous n'ignorons pas que les étudiants ouvrent un compte pour simplement obtenir le bordereau bancaire et ensuite le clôturer. Jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons pas le droit de vérifier. Il faut mettre en place des solutions pour éviter ce problème.» Au contraire, les représentants des étudiants algériens ont demandé de lever les restrictions financières sur la demande de visa d'études car, selon l'UEAF, «cela voudrait dire que ça ne concernera que les étudiants appartenant aux catégorie sociales riches et aisées». Le syndicat étudiant algérien le plus important en France a requis comme solution «de faciliter l'accès au marché de l'emploi et l'insertion professionnelle des étudiants algériens à leur arrivée sur le territoire français». Sur un autre plan, les associations algériennes ont remis en cause la procédure de dépôt du dossier de demande de logement universitaire auprès des Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous). Un dossier logement-Crous doit être impérativement déposé entre le 15 janvier et le 30 avril comme dernier délai. Or, les étudiants algériens ne peuvent pas le faire depuis l'Algérie, car il est exigé un chèque de 6 euros et ils n'arrivent en France qu'à partir du mois d'août. C'est pourquoi Chalal Makhlouf, vice-président de l'AEAR, a proposé aux représentants de Campus France de «discuter avec le Crous sur la possibilité de dispenser les étudiants algériens de ce chèque. Ainsi, ils pourront faire leur demande avant leur arrivée en France. Une fois arrivés, ils s'acquitteront de la somme due avant l'accès au logement». Cette idée n'a pas déplu aux concernés, qui ont promis de la soumettre au Crous.