Rebondissement dans l'affaire du général-major Abdelkader Aït Ouarabi, dit Hassan, en détention depuis le 27 août dernier et déféré, il y a une dizaine de jours, devant le tribunal militaire d'Oran, après dessaisine de celui de Blida. Son avocat, Mokrane Aït Larbi, vient de demander l'audition, en tant que témoin à décharge, du général-major Mohamed Lamine Mediène, dit Toufik, ex-patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS ). L'annonce a été faite hier par l'avocat, qui estime «nécessaire de citer comme témoin» l'ancien patron des services du renseignement dont dépendait le Service de coopération opérationnelle et de renseignement antiterroriste (Scorat) que dirigeait le général Hassan. «Pour la manifestation de la vérité et le triomphe de la justice, nous estimons nécessaire de citer le général de corps d'armée, Mohamed Lamine Mediène dit Toufik, comme témoin dans l'affaire conformément aux articles 131 et 192 du code de justice militaire.» Cette citation, souligne-t-il, va donner une nouvelle tournure au dossier, dans la mesure où les faits pour lesquels le général Hassan a été poursuivi concernent des missions de lutte antiterroriste, frappées du sceau de la confidentialité, qu'il menait sous les ordres de son chef, en l'occurrence le patron du DRS, qui relève organiquement du Président, en tant que ministre de la Défense, au même titre que le chef de l'état-major et vice-ministre de la Défense, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah. L'affaire pour laquelle le général Hassan est en prison depuis le 27 août a trait à une opération que son unité a menée pour récupérer des cargaisons d'armes de guerre extrêmement dangereuses, qui étaient sur le point d'être vendues par des trafiquants d'armes à un groupe terroriste activant au niveau de la frontière algéro-malo-libyenne. Minutieusement préparée, l'opération a été menée sous les ordres du premier responsable du DRS, en l'occurrence le général Toufik. Mais l'interception de cet armement lors de son acheminement vers le Nord, au niveau d'un point de contrôle militaire, a suscité la réaction du chef d'état-major, lequel a mis en détention les éléments du général Hassan. Une aubaine pour le chef de l'état-major qui avait, dit-on, un compte à régler avec le chef du Scorat. Les jeunes officiers de ce service n'ont pu retrouver la liberté qu'après l'intervention du patron du DRS. Pour tout le monde, l'affaire avait été classée. Mais, une année plus tard, elle resurgit. Le général Hassan est mis en détention et son chef, le général Toufik, voit toutes ses démarches pour le faire libérer vouées à l'échec. Même la lettre adressée au président de la République, vantant les mérites de son subordonné, le chef du Scorat, n'a pas influé la décision d'incarcération signée par le chef d'état-major et vice-ministre de la Défense. L'affaire a fini par pousser le patron du DRS à jeter le tablier. Mais le général Hassan n'est pas pour autant sorti de l'auberge. Après un début d'instruction marqué par une série de violations de la procédure, dont la plus importante est celle liée à l'incompétence du tribunal militaire de Blida, étant donné que le mis en cause en tant qu'officier supérieur ne peut être poursuivi et jugé par une juridiction située dans la circonscription où il a exercé. Plus de deux mois après, le vice-ministre rectifie le tir, en en chargeant le tribunal militaire d'Oran, désaisissant ainsi celui de Blida. L'instruction reprend à zéro et, dimanche dernier, après avoir rendu visite à son mandant, Me Mokrane Aït Larbi, et après une longue concertation, décide de citer comme témoin à décharge, l'ancien patron de son client, le général Toufik. Son audition va certainement donner une nouvelle tournure à ce dossier qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive.