Sa vie est une histoire passionnante et porteuse d'un message. Cet enfant du quartier populaire Moulay Mustapha (ex-Graba) est né le 23 décembre 1936. Comme tous les enfants algériens de cette époque, il travaillait à l'âge de 14 ans comme aide-ouvrier polyvalent chez un colon français. Un certain jour de l'année 1949, il escaladait un pilone électrique et reçut une décharge. Ses deux membres supérieurs furent amputés. Ainsi, une autre page s'est ouverte pour cet enfant handicapé et orphelin de père. Un directeur d'école, Boumaza Mohamed, l'a inscrit à l'école primaire et lui a appris à écrire avec ses orteils puis avec la bouche. Alors il a réussi dans ses études et a obtenu le CEPE en 1957. Il se maria en 1963 avec une brave femme qui lui a donné cinq enfants. Ensuite, un Européen lui a conseillé de travailler comme écrivain public et il a commencé immédiatement dans un local de la rue centrale de haï Moulay Mustapha. Il a rendu d'énormes services à la population durant l'ère coloniale et après l'indépendance, notamment dans les correspondances administratives et familiales. «Grâce à Dieu, j'ai trouvé des hommes qui m'ont aidé pour réaliser un défi. Je travaille dans mon cabinet d'écrivain public, j'emploie trois agents. Je ne pourrai jamais ignorer le sacrifice de ma femme». Cet écrivain public de notoriété nationale mène une vie tranquille et modeste, très respecté par la population. A l'âge de 77 ans, il se déplace quotidiennement à son bureau, sis boulevard du 1er Novembre au cœur de la ville de Aïn Témouchent. Gentiment, il écoute et oriente ses clients qui repartent très satisfaits. El Habri est cité comme exemple de défi divin. Un handicapé qui a donné des leçons à ceux qui ignoraient l'adage: «Vouloir c'est pouvoir».