Difficile de trouver un adjuvant condensateur et assimilateur qui fasse le tour du quintet de nouvelles autobiographiques au sujet d'un «grand fracas contenu résolument par le mutisme distant et impérial» qui fonde la réserve de patiente endurance d'une Mère Courage, Aîchouche Metref. Le dernier recueil de nouvelles que nous offre si généreusement en étrennes Arezki Metref, nous propose un ouvrage littéraire avec une couverture en affiche de polar ou une espèce de divagation littéraire sur un fond suggéré médiatiquement par un dessin de barbelés encadrant et enserrant un emblématique signe d'identité culturelle spatio-temporelle ciblant les conflits autour de la Mare Nostrum depuis les Croisades jusqu'à la Bataille d'Alger. Mais à regarder de plus près, le contexte de mémoire procède à un resserrement du projet autour de la figure emblématique de la mère dont la figure traverse la centaine de pages depuis la genèse d'une famille croquée à la manière balzacienne transposée dans un cadre de colonie pénitencière. Et pourtant, il y a comme un fond de poignante poésie dans ce recueil des épreuves de l'enfant témoin du mutisme distant et impérial sur fond de mémoire ibérique entre le silence de Catherine Sintès qui élève son orphelin dans le quartier populaire de Belcourt et le tragique sort d'une victime de la guerre civile qui ravagea la République moribonde d'Espagne strangulée par le Caudillo qui laissa sa signature à Guernica comme Bigeard, Godard et Jean Pierre et leur chien de garde le barbu lieutenant Lagaillarde, criminel de guerre lavé par une amnistie, la laisseront dans les maquis algériens aussi bien ruraux que citadins. Cette mini saga familiale en quasi scénario pour un tournage filmique se déroulant avec des rythmes contrastés tenant du burlesque chaplinien et du dramatique décor de la guerre vu par un adolescent terrorisé qui brave le couvre-feu pour chercher son «Vava», papa, englouti par la nuit coloniale, Arezki nous la conte en ces cinq nouvelles mêlant l'émotionnel au délire du spectacle de rue d'un peuple recouvrant sa liberté, le temps d'un entracte vécu dans l'insouciance et le vertige de solidarité et de générosité. La tragédie incrustée sous les textes de ces cinq nouvelles articulées sur le pivot maternel – Les silences de ma mère – noyau dur exposant cette quête éperdue de vouloir «dompter deux peurs» celle et de la mère et de son enfant, s'impose à nous comme un devoir de fidélité, et d'abord à nous-mêmes et à nos espérances hypothéquées.
(*) Professeur, écrivain Le jour où Mme Carmel sortit son revolver, Arezki Metref, éditions Dalimen, 101 pages, 2015.