Quinze familles habitent dans une décharge publique à Bouzaréah. Administrativement, cette cité bidonville s'appelle Amroune, mais communément, cette petite localité est connue sous le nom de la « décharge », puisqu'elle est encerclée, de part et d'autre, par des tonnes d'ordures. Ce site est invivable et présente plusieurs risques pour les résidants, dont une bonne partie est composée de femmes et d'enfants en bas âge. En été, les résidants souffrent des odeurs nauséabondes et des incursions de rats « tellement grands qu'ils font peur aux humains », raconte un habitant. En hiver, c'est la panique à chaque précipitation ; en plus de la fragilité des gourbis, les habitants vivent avec la phobie d'une éventuelle crue de l'oued. En fait, certains bidonvilles, a-t-on constaté, ont été réalisés à même le cours d'eau du fleuve dormant. En 2001, lors des inondations de Bab El Oued, une femme de cette cité a trouvé la mort après avoir été emportée par les eaux en furie. Un souvenir qui continue à traumatiser les survivants de cette catastrophe. La majorité des résidants, raconte un habitant, sont venus de la wilaya de Jijel. Notre interlocuteur affirme qu'il s'est installé lui et sa grande famille « depuis plus de 10 ans » dans la commune de Bouzaréah. Il révèle avoir acheté la parcelle de terrain pour 6 millions de centimes à une tierce personne. La transaction a été effectuée au noir, puisqu'aucun document administratif n'a été paraphé par les nouveaux propriétaires, explique-t-il. « J'étais obligé d'accepter, je n'avais pas ou aller ni de quoi payer une location à 1,5 million de centimes par mois », indique-t-il. Il est à relever que les petits enfants ont été scolarisés, ce qui a permis aux habitants de la décharge d'être recensés parmi les citoyens de la municipalité de Bouzaréah. Après plusieurs années passées dans une décharge publique, les résidants ont été relogés dans des appartements dignes de la vie humaine.