Des jeunes en particulier ont manifesté leur mécontentement après avoir appris que l'usine de fabrication de panneaux photovoltaïques qui devait être implantée dans leur commune de 30 000 habitants allait être délocalisée vers une autre wilaya. Ils ont tenté de brûler le portail principal de la prison pour attirer l'attention des autorités car depuis le début des émeutes, «aucun responsable n' a été envoyé pour discuter avec nous», confie un émeutier à El Watan Week-end. La société chinoise chargée de réaliser les travaux a installé son matériel et sa base de vie et a même commencé à réaliser les structures. Quelques mois plus tard, les habitants de la région, en ce moment couverte de neige, ont découvert que ce projet ne pouvait être réalisé sur le terrain en question. Officiellement, il est impossible d'implanter l'usine sur le terrain «déjà désigné comme zone agricole». Les jeunes, qui comptaient sur cette usine pour obtenir un emploi près de chez eux, ne décolèrent pas. «Le taux de chômage dans notre région est très important. Cette usine pouvait vraiment être une solution pour éradiquer le chômage», regrette Mahmoud, licencié en économie, qui n'arrive plus à trouver un travail. Même si le wali déclarait au départ «ne pas être pas au courant du problème de cette usine et sa délocalisation» – maintenant, il a rencontré une délégation d'habitants et a promis que l'usine ne sera pas délocalisée – les habitants de Oued El Ma l'accusent d'être «derrière cette délocalisation». «C'est prémédité par les pouvoirs publics, car sinon comment peut-on délocaliser un projet d'une telle importance si facilement et sans venir discuter avec la population ? Pourquoi l'administration locale ne s'est-elle pas opposée à la réalisation de ce projet auparavant si vraiment le terrain est agricole ?» s'interrogent les habitants. Dédommagés Les émeutes qui ont éclaté le 16 janvier ont fait plusieurs blessés du côté des habitants et des gendarmes. Une cinquantaine de personnes ont été arrêtées dont six ne sont pas encore libérées. Pour les habitants, le problème serait aussi lié au comportement des gendarmes qui «n'ont même pas respecté la propriété privée». «Certains d'entre eux sont entrés de force dans des commerces et ont pris tout ce qui se trouvait à l'intérieur», regrette Fayçal, photos et vidéo à l'appui. «Les gendarmes ont forcé les portes des maisons avec des madriers, ils ont lancé des pierres pour casser les vitres des maisons», s'indignent plusieurs témoins directs. Les affrontements se sont soldés par des dégâts matériels importants. Mercredi, les habitants et la Protection civile ont nettoyé la ville. A Oued El Ma, on attend que les promesses se concrétisent, que les familles soient dédommagées et que les gendarmes qui ont commis des dépassements fassent l'objet d'une enquête. Contacté par El Watan Week-end, le chef du groupement de la gendarmerie de Batna affirme : «Nous avons agi dans le cadre de la loi et nous avons en notre possession des mandats de perquisition signés par le procureur de la République près la wilaya de Batna.»