Les jeunes manifestants sont allés jusqu'à mettre le feu dans une partie des locaux de l'APC d'Oued El-Ma et s'en sont pris à la maison d'arrêt dont le portail a également été incendié. Les habitants d'Oued El-Ma, commune située à 45 kilomètres au nord-ouest de Batna, rejoints par les habitants des communes voisines, à savoir Ras El-Ayoun et El-Gessar, ont manifesté hier pour le deuxième jour consécutif. Les manifestants, qui ne décolèrent toujours pas, ont fermé plusieurs axes routiers en érigeant des barricades de fortune, notamment des pneus brûlés. La veille, rapportent des témoins oculaires, des affrontements ont éclaté entre les habitants mécontents de la localité et les forces de l'ordre. Les mêmes sources précisent que les affrontements se sont poursuivis hier et jusqu'en fin de journée, la situation demeurait tendue. À l'origine de cette explosion de colère, un projet de production d'énergie solaire initialement prévu dans la commune d'Oued El-Ma et qui a été délocalisé dans une autre commune, voire dans une autre wilaya. Contestant cette décision, de manière énergique, les habitants d'Oued El-Ma ont décidé d'organiser un mouvement de protestation pacifique, à l'image de celui des habitants de la localité voisine d'Ali-Nmeur qui a fini par payer. En effet, ces derniers ont eu gain de cause, après avoir observé plusieurs mouvements de protestation pour revendiquer la réalisation de la route d'Oum Rekha et dont le coup d'envoi des travaux a été donné la veille des festivités du nouvel an amazigh Yennayer. Sauf que la protestation des habitants d'Oued El-Ma a dégénéré suite à "l'intervention musclée" des forces anti-émeutes. Les initiateurs du mouvement pour le maintien du projet et dont le terrain a, pour rappel, déjà été choisi, disent avoir été pris de court par l'intervention des services de sécurité qui ont utilisé des gaz lacrymogènes pour les disperser. Ce qui a attisé leur courroux. Ainsi les jeunes manifestants sont allés jusqu'à mettre le feu dans les locaux du siège de l'APC, et s'en sont pris à la maison d'arrêt dont le portail a également été incendié. Les tentatives des notables du village afin d'apaiser les esprits se sont révélées vaines. Jusqu'à hier, aucun bilan des affrontements n'était disponible. Selon le directeur de l'énergie de la wilaya de Batna, Ali Benyakhlef, contacté dimanche par l'APS, le terrain, initialement affecté à l'implantation de la centrale de production d'électricité à base d'énergie solaire, est de nature agricole et, de ce fait, ne peut recevoir le projet. Il a expliqué aussi que la commune n'a pas d'assiette foncière de rechange. Rachid HAMATOU