Un tas de déchets, de gravats et un grand marché informel dans lequel on vend de tout, même de la drogue. Voilà ce qui caractérise l'environnement qui entoure l'édifice présumé être la maison de la culture de la wilaya de Blida. Initié en 1989, le projet s'est arrêté à mi-chemin et le chantier abandonné depuis plus de 15 ans. Les délinquants de la ville y ont trouvé un bon refuge et un lieu propice à toutes leurs déviances et fantasmes. Ils ont eu recours à la destruction des vitres de cette bâtisse pour pouvoir y accéder et la transformer, au vu et au su de tout le monde, en un lieu de débauche. Ce n'est pas tout, puisque même les passants, à défaut de toilettes publiques, ont converti l'arrière-plan de cette infrastructure, qui fait face à l'agence d'Air Algérie, en un sanitaire en plein air. Des odeurs nauséabondes s'y dégagent à longueur de journée. Triste sort pour un projet ambitieux qui, il y a 20 ans, englobait une bibliothèque de 5 étages, un musée et un théâtre. A l'époque, ce fut la direction du logement et des équipements publics (DLEP) qui s'était chargée de la réalisation du projet avec une enveloppe d'un montant de 206 millions de dinars. Selon l'actuel directeur de la DLEP, M. Baâziz, ce projet n'a pas démarré sur des bases solides. « Quand un projet débute mal, il finit forcément mal. L'idée de ce projet n'était pas bien définie au début, l'étude n'était pas bien ficelée et il y avait plusieurs maîtres d'ouvrage dans un seul chantier. Après que ce dernier fût entamé, des difficultés de réalisation sont apparues au niveau du chantier du théâtre. Après des avis d'appel d'offres infructueux, les responsables de l'époque ont opté pour la simplification de l'étude et la transformation du théâtre en une salle polyvalente », dira-t-il. Cela dit, est-ce que ces excuses sont réellement suffisantes pour bloquer un si grand projet durant une si longue période ? Aucune réponse ne nous a été donnée sauf que l'actuel directeur de la culture, Mohamed El Aïd Semmadi, qui n'est arrivé qu'en 2007, a rejeté cette étude « simplifiée » et maintenant « obsolète » et a tenu à réaliser un théâtre en bonne et due forme. Notre interlocuteur dégagera toute responsabilité de son secteur concernant l'abandon de ce chantier et conclura que mis à part le logement, la DLEP ne fait que traduire les programmes des autres secteurs. On apprendra de la même source que le musée et la bibliothèque sont achevés à 100%. « Dès notre arrivée à la tête de cette direction en 2008, nous avons tenu à régulariser ce dossier. Après avoir convoqué toutes les parties concernées à une sortie sur site afin de faire un état des lieux, nous avons émis quelques réserves sur l'abandon de ces deux infrastructures. Concernant le théâtre, seuls les grands travaux sont terminés. Le taux d'avancement des travaux ne dépasse pas les 60%. Sur demande de l'actuel directeur de la culture, nous avons transféré à ce drenier le dossier dernièrement », conclura-t-il. De son côté, M. Semmadi s'est déclaré optimiste vis-à-vis de ce projet. D'un air confiant, il déclare que le projet redémarrera incessamment. « Nous avons déjà présenté au comité des marchés un cahier des charges pour l'équipement et l'achèvement de la maison de la culture. Ce dernier a émis des réserves que nous sommes maintenant en train de prendre en charge. Une fois le prochain cahier des charges approuvé, nous lancerons les procédures administratives nécessaires pour aménager la bibliothèque et le musée que nous avons transformés en galerie d'expositions et en 6 ateliers de formation pour les jeunes. Nous lancerons un avis d'appel d'offres pour entamer une petite étude qui remédiera aux erreurs techniques faites dans le projet du théâtre. Pour nous, la durée des travaux ne pourra pas dépasser les 18 mois », conclura-t-il. Entre-temps, les brigands se retrouvent très à l'aise dans leur nid qui devait servir, dans le temps, à briser la situation d'inertie culturelle que vit la wilaya de Blida depuis deux décennies. Les hommes de culture ne cessent de fustiger les différentes instances supérieures qui n'ont pas osé bouger le petit doigt pour achever ce projet.