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La nation est d'abord une mémoire
Publié dans El Watan le 24 - 01 - 2016

Je me suis ainsi retrouvé invité, malgré moi, à un débat qui, quoiqu'on dise, ne saurait laisser aucun Algérien indifférent tant il y va de son histoire. Notre «moi» national ne gît-il pas en son lit ? De quoi pourrions-nous nous prévaloir sans elle ? De nos ressources ? De nos richesses ? De notre modèle socio-politique ? De notre modèle religieux ? De notre (nos) langue(s) ? De la grandeur de nos dirigeants ?
A supposer qu'ils soient meilleurs que tout ce dont peuvent se prévaloir tous les autres peuples, ils demeurent, comme en mathématiques, des conditions nécessaires mais néanmoins insuffisantes. Notre histoire — elle seule — a, n'en déplaise aux uns et aux autres, conféré à ce peuple la dimension manquante. Elle seule l'a élevé au rang de nation.
La nation, dit le philosophe et écrivain Ernest Renan, est «une âme, un principe spirituel (…). La nation est, comme l'individu, l'aboutissement d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitimes ; les ancêtres nous ont fait ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire… voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait les grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a souffert».
L'histoire nationale est le fait d'hommes et de femmes qui, à l'image de cette adolescente illustrant l'article en question, ont pris leurs responsabilités et bravé la mort pour que cette nation naisse… Ils l'ont faite. Nos repères sont là. Nous existons grâce à eux. Au-delà de nos différences et de l'imperfection de ces hommes et femmes – qui ne sont, somme toute, que des mortels –, nous leur demeurons redevables pour ce socle laissé en legs aux générations présentes et futures, pour cette idée nationale qu'ils ont su nous inculquer.
Pourquoi alors sommes-nous en train de les jeter en pâture, oubliant qu'en agissant ainsi, nous ne faisons, ni plus ni moins, que nous donner en spectacle et offrir aux prédateurs notre histoire en festin ? Est-ce là le serment fait à nos martyrs ? De grâce, arrêtons ce funeste spectacle ! Et, au lieu de vilipender la sénatrice Zohra Drif, observons plutôt cette image d'El Watan et tirons-en les enseignements qui s'imposent à nous en autant de jalons à notre mémoire collective.
Attardons-nous sur cette frêle silhouette, scrutons son regard juvénile plein d'innocence et admirons son courage d'être là, debout, stoïque, bravant la mort pour les actes qu'elle a commis au nom de cette Algérie, pour qu'elle devienne libre et indépendante. Focalisons davantage sur sa bravoure et méditons sur son héroïsme. Admirons sa posture arrogante, mains nues, face à ceux qui l'entourent l'arme au poing… «On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a souffert», avait dit Renan.
Quant aux supputations sur ce qu'auraient pu lui arracher ses tortionnaires comme aveux, demandons-nous, avant de la condamner a posteriori – si tant est qu'elle ait parlé – qu'auraient fait ses détracteurs, à sa place, avec ce physique qui est le sien et à son âge, face aux moyens dont usaient ses bourreaux, les paras de Massu ? La question mérite d'être posée. La raison aurait voulu qu'on laisse d'elle, aux générations futures, cette image par trop expressive où elle incarne, à travers son regard, le défi de cette jeunesse algérienne à l'occupant. Hassiba Ben Bouali, Malika Gaïd et d'autres chahidate étaient ses compagnes.
Disons-nous que si elle avait été exécutée pour l'acte héroïque qu'elle a accompli, nous l'aurions glorifiée autant en toute justice. Sûrement qu'elle aurait aimé faire partie de ce lot de martyrs, mais le destin en a décidé autrement. Elle est restée en vie et ce n'est pas pour autant qu'elle a démérité, à l'instar de tant de moudjahidine et de moudjahidate. Considérant peut-être que – encore Ernest Renan – la République est avant tout un régime politique et que la nation est l'adhésion à un ensemble de valeurs, elle a parlé.
A tort ou à raison, elle a cru qu'en tant que moudjahida, la continuité du combat s'impose à sa génération par devoir et que le silence serait trahison. La conviction a guidé leurs premiers pas dans l'action militante, il serait naïf d'attendre d'eux qu'ils puissent se déjuger au crépuscule de leur existence.
Aussi, quelles que soient la manière et la nature des revendications et des critiques qui pourraient en émaner, autant que leur objet, rien ne justifie, raisonnablement, qu'on puisse recourir à la vindicte et à l'opprobre, encore moins à l'internement pour faire taire ces voix.
Il ne s'agit point pour moi de défendre Zohra Drif ni Yacef Saâdi ou tout autre moudjahid en tant que tel. Précisément, ceux-là, je ne les connais pas et je n'ai pas la prétention de m'ériger en leur avocat, malgré tout le respect que je leur dois en tant qu'aînés. Ils trouveront certainement en leurs frères d'armes d'hier de meilleurs défenseurs. Il s'agit pour moi de défendre «notre histoire» à tous, «notre mémoire», le socle de notre nation dont nous revendiquons le partage.
Cette mémoire devrait être sanctifiée, car elle conditionne notre «être» autant que notre devenir et, à ce titre, elle ne doit, en aucune manière, être sacrifiée sur l'autel des querelles politiciennes du moment ou au nom d'ambitions individuelles ou claniques, affichées ou latentes.
«Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent, avoir fait les grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple», avait dit Renan. Si nous voulons nous inscrire dans la trajectoire de la pérennité en tant que nation, préservons son passé et faisons barrage aux prédateurs pour qu'ils ne souillent pas nos mythes fondateurs. Telle est la voie, tel est le prix et tel est le véritable serment.


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