Resté fermé à l'investissement jusqu'il y a quelques années seulement, le secteur de l'agriculture se voit aujourd'hui doublement concerné par la conjoncture économique difficile, impactée par la chute des prix du pétrole. En plus de la nécessité de participer à la diversification de l'économie nationale prônée désormais par les pouvoirs publics, le secteur agricole est appelé à assurer la sécurité alimentaire du pays, tout en ayant pour objectif la substitution à l'importation des produits qui grève, d'année en année, des milliards de dinars du budget de l'Etat. Tardivement peut-être, c'est maintenant que les pouvoirs publics se tournent vers l'investissement dans un secteur certainement pourvoyeur de richesse, créateur d'emplois, mais aussi moteur de croissance. Etant la région la mieux dotée en surfaces à même d'accueillir ces investissements, le sud du pays devient le nouvel eldorado de beaucoup d'opérateurs économiques qui voient dans l'agriculture un créneau d'avenir. Les aides financières accordées par les banques, les crédits bonifiés allant jusqu'à 100 millions de dinars, conjugués à l'énorme potentiel hydrique disponible dans cette région font des investissements agricoles dans la région (principalement dans 10 wilayas) des «placements sûrs». Preuve en est l'élan extraordinaire que connaissent les dispositifs d'aide et d'accompagnement destinés aux investisseurs dans ces wilayas comme Ouargla, Biskra et El Oued, où pas moins de 400 000 ha ont été mis à la disposition des investisseurs pour la création de nouvelles exploitations agricoles, dans l'objectif de créer un hub régional et un pôle fournissant une bonne partie de la production nationale. Bien que plus modestes, des investissements étrangers commencent aussi à voir le jour sous forme de partenariat avec des opérateurs privés nationaux, particulièrement dans la production de semences, de lait et de viande bovine. De l'arboriculture au maraîchage en passant par la céréaliculture et l'élevage, les filières les plus prisées ne se distinguent, désormais, que par leur degré de rentabilité. Des problèmes de surproduction, notamment de tomates, de pommes de terre et d'oignons, ont même été signalés dans certaines exploitations dont les propriétaires se sont maladroitement préparés en matière de commercialisation, en l'absence d'un réseau de grande distribution et de transformation industrielle efficace. Une initiative louable est venue, à ce propos, de la part de quelques opérateurs économiques algériens qui ont récemment demandé aux pouvoirs publics la conclusion d'un accord préférentiel commercial avec la Russie qui décrète, depuis 2014, un embargo sur les produits alimentaires de l'Union européenne (UE). Cet accord permettrait au produit algérien de conquérir le marché russe, à la recherche de fournisseurs.