En bref, c'est le renouveau rural initié à partir d'une nouvelle politique adoptée par la tutelle qui est ciblé en priorité et l'impulsion d'une nouvelle dynamique de relance au profit des populations rurales par la vulgarisation du (PPDRI). «C'est dans cette même optique que la tutelle a instruit les 48 wilayas de créer près de 10 000 unités de petits élevages», a indiqué un ex-conservateur des forêts de Mila. Et d'ajouter : «A cet effet, des opérations de recensement de la population intéressée par cette activité, ainsi que des actions de balisage des potentialités agricoles sont menées sur le terrain.» Sur une superficie administrative de 348 000 ha, l'impluvium (recueil des pluies) ou, plus communément, le bassin versant (BV) de Beni Haroun, occupe un périmètre de 150 000 ha. Un enjeu de taille dont dépend l'avenir du barrage de Beni Haroun et, par extension, celui des 5 wilayas qu'alimentera dans quelques années ce mégaprojet hydraulique. Un plan d'aménagement et de protection (PAP) a été élaboré, avec le lancement d'actions de reboisement, de protection végétale et de fixation des rebords des routes. Du côté de l'administration forestière, l'on précise que «le taux de 10% de couverture forestière, comparativement à la superficie agricole totale (SAT), qui est de 340 000 ha, reste très faible». Défendant bec et ongles sa cause, l'administration forestière fera miroiter des bilans forts élogieux. Pour la période allant de 1994 à 2006, les chiffres avancés au titre des programmes sectoriels décentralisés parlent de grands travaux antiérosifs, à savoir 183 693 m3 de correction torrentielle, 5 000 mètres linéaires de correction murette, 3 218 ha de reboisement, ainsi que la réalisation de 2 500 ha d'amélioration foncière et 2 952 ha de plantation fruitière, dont 90% d'oliveraies pour un montant global de 800 millions de dinars. «250 millions de dinars ont été affectés entre 2006 et 2008 au Programme national de reboisement (PNR) qui prévoit une moyenne nationale de reboisement de 70 000 ha, et 100 000 ha à partir de 2009», précise-t-on. Enfin, le programme 2009-2013 a été consacré uniquement au renouveau rural avec des projets d'ouverture de pistes, de réalisation de retenues collinaires et d'aménagements. Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme Les forêts de Mila ne sont pas à l'abri d'incessantes mutilations. Les éléments de dégradation, comme les incendies, les maladies fongiques, les attaques d'insectes ravageurs et le surpâturage ne sont qu'une incidence relative par rapport au maelstrom des actes de défrichement et d'abattage d'espèces forestières. L'association Nour Beni Haroun de protection et de sauvegarde de l'environnement a, pour rappel, alerté à maintes reprises contre la dénudation des sols, l'abattage de chênes-lièges et le démaquisage sauvage qui a causé de grands dégâts aux genêts, à l'oléiculture et à l'espèce du câprier. Des pratiques d'un autre âge, qui ont atteint des pics vers 2005 et 2006. Plus grave encore, des centaines d'arbres entre oliveraies et eucalyptus ont été coupés et sommairement achevés à la tronçonneuse. Les spécialistes sont unanimes à dire que la remise en l'état des parcelles dénudées passe irrémédiablement par le reboisement intensif par le biais d'espèces forestières adaptables au milieu physique afin de faciliter le processus de fixation immédiate des terrains exposés à l'érosion. L'initiative de la Conservation des forêts de Mila de concrétiser un ambitieux programme de raffermissement des berges du barrage de Beni Haroun par la plantation d'espèces forestières résineuses, dont le cyprès et le pin d'Alep, est louable à maints égards. Quand bien-même cette action est de l'avis des techniciens, un cautère sur une jambe de bois vu que la 2e espèce sus-citée est, par définition, le gîte idéal du terrible parasite appelé «chenille processionnaire» qui cause des désastres aux forêts par la défoliation accélérée des arbres.