B�ni Haroun, cet important complexe hydraulique, incontestablement d�une importance vitale pour au moins six wilayas de l�Est alg�rien, une r�alisation qui a co�t�e les yeux de la t�te au contribuable, �norm�ment de temps et beaucoup d�attente et de sacrifice, soit ! mais qu�avons-nous fait pour prot�ger un tel acquis qui repr�sente un grand espoir pour des millions d�Alg�riens ? Le bassin versant en g�n�ral et le lac du barrage en particulier, sont soumis � une d�gradation intense, due au ph�nom�ne tr�s accentu� de l��rosion dans cette r�gion au relief particuli�rement accident� et fortement d�nud�, d�o� un volume d�envasement d�j� largement pr�judiciable. Cette mission de protection a �t� attribu�e � la Conservation des for�ts de Mila, elle consiste � mettre en ex�cution les recommandations pr�conis�es par l��tude du Bureau national des �tudes foresti�res (BNEF). Cette �tude projetait, entre autres, la r�alisation de 43 000 hectares de reboisement, 25 000 hectares de plantations fruiti�res et pr�s de 300 000 m�tres cubes de correction torrentielle. Malheureusement, vingt ans apr�s le lancement de cet ambitieux programme, on se retrouve au point de d�part ! Le bassin versant de B�ni Haroun s��tend sur une superficie globale de 490 000 ha environ, ses limites d�passent le territoire de la wilaya de Mila pour atteindre plusieurs wilayas limitrophes, Constantine et Oum El-Bouaghi � l�est, Batna au sud, S�tif � l�ouest, Jijel et Skikda au nord. La couverture v�g�tale qui s�y trouve, toutes esp�ces confondues (suberaies et pin�des) ne d�passe pas les 7% de la superficie globale du bassin versant, un taux consid�r� comme �tant tr�s insuffisant pour prot�ger le barrage contre l�envasement. Les �tudes effectu�es par le BNEF, pr�conisaient une zone prioritaire d�intervention rapide, car tr�s sensible � l��rosion, de l�ordre de 22 000 ha. Sachant que la topographie des r�gions nord de la wilaya de Mila est en majorit� � reliefs tr�s accident�s (pentes tr�s accentu�es, pluies torrentielles et orageuses, r�seau hydrographique dense et ramifi� et absence de couvert v�g�tal), tous ces facteurs r�unis repr�sentent la principale cause de l��rosion hydrique. Pour les travaux de traitement donc du bassin versant de B�ni Haroun, un retard consid�rable est constat� dans la r�alisation des projets de reboisement pour la protection du barrage, malgr� les moyens financiers faramineux mis � la disposition du secteur des for�ts de la wilaya de Mila, estim�s � plusieurs centaines de milliard de centimes, et ce, dans le cadre des diff�rents programmes allou�s : PSRE-sectoriel et Programme de d�veloppement rural (PPDR), en plus du programme Tup-Himo, financ� par la direction de l�emploi (dans le cadre de l�emploi de jeunes). Le r�sultat est sans appel : quelques centaines d�hectares r�alis�s en vingt ans, pour des dizaines de milliers projet�s par l��tude du BNEF. De l�ann�e 2000 � ce jour, le secteur des for�ts a beaucoup plus acc�s sur la plantation fruiti�re et la correction m�canique (seuils en gabions) comme actions prioritaires, ces op�rations sont loin de r�pondre efficacement aux objectifs recherch�s et ne r�soudront pas le probl�me de l��rosion, car ne s�agissant que de petits vergers de tr�s faibles densit�s et de superficies �parpill�es � travers l�ensemble du bassin, et cela ne peut en aucun cas constituer une couverture de protection du sol contre l��nergie cin�tique, ce type d�actions projet� est vou� � l��chec pour des raisons techniques bien �videntes : - la correction m�canique par la construction de seuils en pierres s�ches (barrages en gabions) ne devraient �tre consid�r�e que comme un compl�ment de la correction biologique, cette op�ration n�a aucune �volution ni dans l�espace ni dans le temps (mati�re inerte) ; son objectif est de diminuer la vitesse des eaux pluviales lors des pluies torrentielles (crues) ; - la correction biologique par la plantation fruiti�re n�est d�aucune efficacit� quant � la protection des sols contre l��rosion hydrique, car elle ne constitue aucunement une couverture v�g�tale qui peut s��tendre sur de grandes superficies d�un seul tenant (n��tant que de petits vergers familiaux de tr�s faibles superficies de 1 � 3 ha pour une densit� de 110 plants � l�hectare) et par cons�quent, elle ne peut en aucun cas former un �cran de protection du sol contre l�ablation de la couche arable sur terrain en pente. Sollicit� par l�Agence nationale des barrages et transferts (ANBT), le service des for�ts a proc�d� � une op�ration de coupe d�arbres et de �d�maquisage � de toute la v�g�tation, soi-disant, susceptible de porter pr�judice au barrage ou qui pourrait �tre source de pollution � l�avenir, mais sans pour autant prendre en consid�ration le probl�me de la protection des berges du lac du barrage, et ce, en autorisant des coupes rases de tous les arbres d�eucalyptus ou autres, tout le long de Oued Rhumel et Oued Endja ; et m�me en dehors de la zone de la c�te pr�vue. Un massacre � la tron�onneuse estim� � des milliers de sujets. Plus affligeant encore, la coupe d�oliveraies hors zone �merg�e (de Sidi Merouane et Tadrar) dont l��ge est sup�rieur � 38 ans (plus de 5 000 sujets d'oliviers de bonne vari�t�, bien venant et en pleine production ont �t� coup�s et d�racin�s compl�tement sans aucune raison technique valable), et moyennant, en plus, un budget colossal distribu� : frais d�arrachage (3 milliards), frais d�indemnisation des propri�taires (4 milliards), frais de reboisement (4 milliards), donc 11 milliards de pertes s�ches occasionn�es au Tr�sor public, en plus des d�g�ts �cologiques. Apr�s l�arrachage des oliveraies (arbres �conomiques, protection et production) et des eucalyptus tout au long de oued Rhumel et Oued Endja, la Conservation des for�ts a mis en ex�cution un programme pour la fixation des berges du barrage de B�ni Haroun, par des travaux neufs de reboisement sur des terrains limitrophes au lac et m�me inondables par le barrage et, comble de l�ironie, en optant pour des esp�ces foresti�res r�sineuses de pin d�Alep et de cypr�s, sans aucune �tude pr�alable. D�un avis de sp�cialistes, �les sites choisis pour cette op�ration de reboisement : des terrains plats, stables, fertiles et � vocation agricole ( medious et fardoua), est une erreur technique gravissime ! Car elle provoquera � moyen et long terme des effets n�fastes � l�eau du barrage et � la faune qui s�y trouve. Sachant que cette esp�ce (pin d�Alep) est le terreau de pr�dilection d�un parasite connu sous le nom de �chenille processionnaire des pins�, qui cause des ravages � nos for�ts, par la d�foliation totale des arbres. Mis en bordure du lac du barrage, il sera � l�avenir, probablement � l�origine de sources de pollution, de m�me, il peut engendrer un d�s�quilibre du biotope local (ce parasite �tant hautement toxique pour de nombreuses esp�ces de la faune locale). Le choix des esp�ces devraient, en principe, �tre �dict� par des crit�res d�ordre botanique et �cologique et en fonction de la zone d�intervention. Dans ce cas de figure, ce sont les feuillus hodrophiles qui seront les mieux adaptables : les saules, les peupliers et les eucalyptus en derni�re position, ces arbres ont des feuilles � PH basique (d�composition rapide) de m�me ils constitueront un climat ambiant et un panorama adorable, aussi, ils serviront de lieux de refuge et d�abris pour la faune sauvage�. Ainsi va ce g�ant de B�ni Haroun, du point de vue protection contre l�envasement, autrement dit : Beni Haroun c�t�... jardin que l�on n�a pas su faire fleurir ! Malheureusement, dans un silence inqui�tant des uns et des autres ! Mais qu�adviendra-t-il de B�ni Haroun d�ici une, au plus deux d�cennies ? La question m�rite vraiment d��tre pos�e !