L'Association Ochaq al khachaba (Les amoureux de la scène) continue de relever le défi en organisant une nouvelle édition des Journées du théâtre maghrébin à El Oued. « Notre but est de jeter la base d'un mouvement théâtral dans le sud pays », explique Nabil Massaï, président de l'Association Ochaq al kachaba. Les quatrième Journées du théâtre maghrébin se déroulent jusqu'au 19 février 2016 à la Maison de la culture Mohamed Lamine Lamoudi avec l'organisation de deux spectacles par jour (à partir de 16h30). « Le théâtre et la promotion de la culture de la tolérance et de la paix » est le slogan de l'édition de cette année. « Le théâtre a un accès facile au public. C'est le meilleur moyen de faire passer des idées. D'où le choix de la thématique de la tolérance. Ce qui se passe dans la région arabe actuellement est très dangereux avec l'effondrement des valeurs morales, le rejet de l'autre, l'extrémisme… », explique Nabil Massaï. L'édition 2016 des Journées est dédiée au comédien Sid Ali Kouiret, disparu en 2015. Plusieurs artistes ont été honorés lors de la cérémonie d'ouverture, lundi après midi, comme le comédien jordanien Taysir Mohamed Ali, l'homme de théâtre tunisien Fawzi Benbrahim, l'acteur algérien Brahim Rezouk, l'universitaire palestinien Nader Al Qana et les poètes algériens Badr El Menani et Farid Makhloufi (les deux sont natifs d'El Oued). Les organisateurs ont programmé quatre ateliers de formation pour les étudiants en arts dramatiques ou pour ceux qui sont intéressés par le quatrième art encadrés par des professionnels. Il s'agit de Lotfi Bensebaâ pour la mise en scène, Imad Ouaslati (Tunisie) pour l'actorat, Nadher Al Qana pour l'écriture dramatique et Souheil Chebli pour l'expression corporelle.« Nous voulons former une nouvelle génération du théâtre à partir de l'université qui doit être le pôle de rayonnement culturel, le coeur battant de la société. Notre but est également d'encourager le théâtre pour enfants », précise Nabil Massaï. Le prix Palestine sera attribué au meilleur spectacle. Le jury est composé de Laâmri Kaouane, Tebbal Zerzou, Fathi Sahraoui, Taysir Mohamed Ali et Khedoudj Sabri (Libye). Parmi les pièces au programme, « Rahla » de Tounes Aït Ali, « Safar » de l'Association Al Nibras de Adrar (grand prix du dernier festival du théâtre amateur de Mostaganem), « Hams al dhalam » de l'Association Al Assil, « Formatage » de la troupe Al Najm de Gafsa (Tunisie), « Aamti ou Nissa » du théâtre Al Ghad (Libye) et « Tayoucha » de Nesrine Belhadj.
Deux troupes du Maroc et d'Egypte sont au programme mais n'ont pas encore rejoint le Festival pour des difficultés liées au transport. « Pour aider à l'émergence d'une véritable pratique théâtrale dans notre région, nous avons invités des troupes des pays arabes pour permettre la rencontre avec d'autres expériences. Nous voulons aussi que les troupes fassent connaissance entre elles, qu'elles échangent, discutent », relève Nabil Massaï. Il regrette l'absence d'espaces de représentation théâtrale à El Oued. Selon Brahim Douyem, directeur de la culture, le projet du théâtre régional d'El Oued est gelé en raison de la nouvelle politique d'austérité du gouvernement. Le gel concerne, semble-t-il, d'autres projets de théâtre régionaux au sud du pays comme ceux de Tamanrasset, d'Adrar et de Laghouat. « Même le projet du Palais de la culture est à l'arrêt malgré qu'El Oued est une ville d'artistes. Les jeunes ici souhaitent avoir des espaces culturels pour s'exprimer, montrer leurs talents », souligne Nabil Massaï.
Il rappelle que la troupe de Ochaq al kachaba a décroché plusieurs prix dans des festivals en Jordanie, au Koweït, au Maroc et en Egypte. «Cette année, l'association Ochaq al kachaba a reçu l'aide du ministère de la Culture. La manifestation est également appuyée par le wali et les institutions culturelles d'El Oued. L'association a ouvert un nouvelle voie pour le théâtre. Il y a des troupes qui tentent de se frayer un chemin vers cet art. L'essentiel est que le noyeau est là », souligne Brahim Douyem. Les organisateurs des Journées d'El Oued envisagent de monter un spectacle maghrébin avec la participation de plusieurs comédiens. La soirée d'ouverture à l'hôtel Louss a été marquée par la présence d'un des doyens de la chanson algérienne populaire, Abdallah El Menaï qui, entre autres,a interprété l'un de ses grands succès, « Rodi aliya ya bnayt al ardjoun » et repris une chanson tunisienne. Abdallah El Menaï revendique plus de 60 ans de carrière dans le domaine du chant et de la composition musicale.