Le grand prix— ou le prix Palestine — des 4es Journées du théâtre maghrébin d'El Oued est revenu, vendredi soir à la maison de la culture Mohamed Lamine Lamoudi, au monodrame Rahla, de l'Algérienne Tounès Aït Ali. Ce prix est offert par la Ligue palestinienne de la culture pour la première fois. «Et il récompensera, chaque année, une pièce de théâtre ici à El Oued. Ce prix est une initiative palestinienne en collaboration avec l'Algérie à la faveur d'une compétition maghrébine en présence d'autres pays arabes. C'est une manière de remercier les Algériens pour leurs soutien et fidélité à la cause du peuple palestinien», a précisé Nadher Al Qanna, qui représente la Ligue. Le prix sera également distribué au Maroc et en Tunisie dans les prochains mois. Un projet de pièce théâtrale algéro-palestinienne est en préparation. «Une pièce qui verra la présence de comédiens d'autres pays maghrébins. Ce projet est né ici, en plein Sahara», a indiqué Nadher El Qanna. Le prix a été remis à Tounès Aït Ali par Mustapha Hamdane, conseiller à l'ambassade de Palestine à Alger. «Après tant de chemin et tant de spectacles, Rahla obtient le grand prix à El Oued. J'en suis heureuse autant pour moi que pour que l'équipe. Ravie aussi que le prix soit celui de la Palestine, ça nous parle», a déclaré Tounes Aït Ali. Rahla a obtenu plusieurs distinctions en Jordanie, au Maroc et en Tunisie. Le spectacle sera bientôt présenté au Koweït, au Soudan, au Venezuela et en Europe. Le prix de la meilleure mise en scène est revenu au Tunisien Nacerddine Djelloul pour la pièce Formatage de la troupe El Nadjm Atamtheli de Gafsa. Une pièce qui traite de la difficile «mutation» de certains partisans de la dictature après l'effondrement du régime Ben Ali-Trabelsi. «Ils avaient du mal à s'adapter à la nouvelle situation politique du pays, car ils profitaient trop de l'ancien régime, par la corruption et la rapine. D'où l'idée de la pièce : remettre à zéro ces personnes, comme un formatage d'ordinateurs. Nous cherchons toujours l'excellence dans notre travail au théâtre. Je suis fier d'avoir obtenu ce prix ici, à El Oued. Ces Journées du théâtre maghrébin sont un rendez-vous arabe important», a relevé Nacerddine Djelloul, qui en est à sa troisième participation aux Journées du théâtre maghrébin d'El Oued. Le prix de l'interprétation féminine a été attribué à Aouatef Moubarek pour son rôle dans la pièce Formatage. «Je suis ravi d'obtenir cette distinction dans une manifestation culturelle qui plaide pour la paix et la tolérance. Cela m'encourage d'aller de l'avant. Dans la pièce Formatage, je joue le rôle de la fille qui symbolise le pouvoir du corps qui se fait exploiter par la police, l'homme de religion et les médias», a souligné Aouatef Moubarek, l'une des valeurs sûres du théâtre tunisien contemporain. Chouaïb Kouki, de la troupe Nibrass d'Adrar, a obtenu le prix de la meilleure interprétation masculine pour son rôle dans Safar de Abdelkader Rouahi. Cette pièce a décroché également le prix du meilleur texte. Safar avait déjà obtenu le premier prix au 48e Festival du théâtre amateur de Mostaganem en septembre 2015. La troupe Al Assil de Laghouat a réalisé un doublé : pour la meilleure scénographie et la meilleure musique pour le monodrame Hamsou El Dhalam (murmure de l'obscurité) de Ali Kerboun. «Je suis ravi pour ces deux prix qui s'ajoutent à trois autres obtenus dans d'autres festivals. Nous nous sommes réunis à El Oued pour créer du spectacle, faire plaisir au public qui est venu assister aux représentations. Hamsou Al Dhalam sera présenté à l'étranger, notamment au Maghreb», a précisé le comédien Brahim Gueffaf. Zerzour Tebbal, président du jury, a constaté des différences de niveau dans les pièces en compétition, surtout au niveau de la mise en scène et du jeu des comédiens. «Mais le spectacle, qui a décroché le grand prix, répondait à toutes les règles du théâtre. Cela veut dire qu'on est en train d'avancer. Nous avons fait des observations dans notre rapport sur les spectacles pour que les troupes et les gens du théâtre comblent certaines faiblesses dans leurs travaux dans le futur», a-t-il plaidé. Composé également de Lâamri Kaouane, Fethi Sahraoui, Taysir Mohamed Ali et Ibrahim Rezoug, le jury a reproché à certains spectacles une exagération dans l'interprétation des comédiens, l'éparpillement des idées par rapport aux textes sur lesquels sont construites les lignes dramatiques et la mauvaise utilisation des accessoires. «Nous avons constaté aussi l'existence du discours direct porteur d'ennui et la mise à mal de certaines valeurs de la société sans aucun intérêt artistique. Nous avons aussi relevé de l'égoïsme de la part de quelques comédiens qui voulaient s'imposer sur scène au détriment de leurs partenaires et du travail artistique», a constaté Laamri Kaouane. Le jury a lancé un appel, au nom de tous les présents, pour que le projet du théâtre régional d'El Oued soit relancé. Ce projet est gelé par mesure d'austérité économique. Organisées par l'association Ochaq al kachaba, les 4es Journées du théâtre maghrébin d'El Oued se sont déroulées du 15 au 19 février.