Le dossier de la crise de Kabylie tend depuis plusieurs semaines à se réduire à l'histoire des « indus élus » et aux formules possibles de leur départ des Assemblées, comme revendiqué par le mouvement des archs. La satisfaction de la « sixième incidence », promue en l'occurrence en sésame dans le processus du dialogue en cours entre le chef du gouvernement - qui, il faut le rappeler, est censé représenter le président de la République dans le dossier - et la délégation des archs, provoque des débats contrariés au sein de l'Alliance présidentielle et il n'est sans doute pas anodin politiquement, à moins d'une distribution de rôles qui n'a pas encore livré ses secrets, que le RND et le FLN soient à ce point en désaccord sur la question. Le pas fait par le RND en retirant ses élus des assemblées, hormis le sens politique que l'on voudrait bien lui concéder, ne coûte en fait pas cher au parti qui ne compte qu'une grappe de représentants dans la région. La position semble se baser sur une analyse de la situation dont les compteurs se sont arrêtés il y a deux ans. Soit au lendemain des élections contestées d'octobre 2002. La situation est bien autre aujourd'hui, comme s'accordent à le relever plusieurs observateurs, puisqu'en dehors de l'acharnement principiel du mouvement des archs, « l'incidence » ne semble plus faire partie des préoccupations de l'opinion. Il serait sans doute vain d'attendre des scènes de liesse dans la région après la révocation des élus. Hormis la position du FFS, qui prend la démarche sur le point précis comme une machination qui le cible en premier lieu, mais qui ne rechigne pas subsidiairement à tirer profit de sa situation d'opposant constant, non seulement via-à-vis du pouvoir mais aussi à une structure des archs qui n'est plus si consensuelle, qui plus est aujourd'hui, la scène reste marquée par une léthargie qui confine à la neutralité désabusée sur la question. Restent les débats auxquels se livrent actuellement les trois sigles de l'Alliance présidentielle et qui sont à prendre comme les premiers contrecoups sérieux du dialogue réentamé depuis le début de l'année. L'épisode révèle en tout cas que les négociations menées au palais du gouvernement, même conduites dans le cadre strict « des lois de la République et de la Constitution », peuvent coûter des positionnements et des couacs bruyants à des niveaux aussi décisifs de la vie politique nationale. Les derniers propos du secrétaire général du FLN comportent quand même un doute évident sur l'utilité d'un retrait complet des élus du sigle dans la région sur le dénouement définitif de la crise. « ... Nous sommes preneurs de toute action qui peut contribuer à solutionner la crise », a dit en substance M. Belkhadem, dont le parti se réserve le droit de réflexion avant d'agir. Une réflexion que l'on croyait déjà faite et qui pourrait aboutir à un maintien des mandats et donc à une démarcation complète de la démarche d'Ouyahia et, par ricochet, à court-circuiter un dialogue déjà controversé et donnant l'air de se perdre dans de fastidieuses approches techniques. Le MSP, pour sa part, ouvre une autre brèche et dilue davantage la question ; celle d'un débat global sur les assemblées du pays qui poseraient problème. L'effet en est que des voix se posent aujourd'hui la question de savoir si le dialogue est conduit par un chef de gouvernement représentant toutes les structures de l'Etat en l'occurrence ou par un leader de parti qui ne peut assumer que ses options et ses paris.