Aux salutations de Bouteflika à Louisa Hanoune en tant qu'unique femme politique, cette dernière remercie de l'attention qui lui est portée, mais attend d'autres hommages : « La consécration de l'égalité juridique entre hommes et femmes. » C'est en effet autour des questions du code de la famille, du code de la nationalité et des hydrocarbures que la porte-parole du PT a tenu une conférence de presse, hier, au siège de son parti. Au lendemain des festivités devant consacrer la fête de la femme, Louisa Hanoune a brossé un tableau peu reluisant de la situation en Algérie. « Que peut espérer la femme algérienne lorsque le tutorat est exigé pour contracter mariage, lorsque la polygamie est consacrée et que, pour recouvrer sa liberté, elle doit rendre la dot comme un esclave le prix de sa liberté ? », soutient-elle. « La société est prête à entrer de plain-pied dans la modernité. Aux politiques de suivre ! » Louisa Hanoune coupe ainsi l'herbe sous le pied de tous ses détracteurs qui prétendent que la société n'est pas prête à accepter l'égalité entre l'homme et la femme. La religion est brandie par les hommes politiques à chaque fois que cela les arrange. « C'est une question de volonté politique », argue-t-elle. Le clou est enfoncé en abordant la question des allocations familiales. « Même en France, et on ne peut prétendre avoir un système social plus performant que le sien, les allocations familiales sont versées directement par l'Etat à la famille. Exiger des patrons algériens qu'ils versent eux-mêmes les allocations, c'est les pousser à n'embaucher que des célibataires », argumente la présidente du PT. Sans compter sur le montant des pensions alimentaires versées à la femme divorcée. « Des montants qui n'excèdent pas 5000 DA quand le salaire de l'ex-époux est de 12 000 DA par mois », donne-t-elle en exemple. Les questions économiques seront également à l'ordre du jour. Tout en fustigeant l'adoption en Conseil des ministres du projet de loi sur les hydrocarbures, Louisa Hanoune s'interroge sur la passivité de nos hommes politiques à laisser l'ingérence étrangère dicter ses lois. L'autre erreur - qui fait l'actualité : retirer les élus de Kabylie. Louisa Hanoune fait une lecture négative de cette mesure. « Cela consacre la division du pays sur la base linguistique. Si on reconnaît un fort taux d'abstention lors des élections de 2002, il faut dans ce cas dissoudre toutes les Assemblées », préconise la présidente du PT.