La prochaine élection présidentielle ne se fera pas, selon Mme Hanoune, «dans des conditions normales». Louisa Hanoune, «femme de fer» du PT figurant dans la liste officielle des candidats à la prochaine élection présidentielle, a saisi l'occasion du 8 Mars pour rencontrer des journalistes algériens et étrangers, hier, au Centre international de presse (CIP) d'Alger. Elle s'est exprimée sur plusieurs questions de l'actualité politique et a révélé à l'assistance les contours de son programme de campagne. Ce qui donne un avant-goût de ce que sera la campagne électorale du PT au slogan «L'Algérie est un héritage», c'est-à-dire un patrimoine qu'il faudra sauvegarder pour l'avenir des générations futures. «Pour que le PT pèse et gagne dans les objectifs politiques», c'est-là, l'une des motivations du Parti des travailleurs (PT) pour participer à l'élection du 8 avril 2004 avec la candidature de sa secrétaire générale, Mme Louisa Hanoune. Celle-ci a déclaré, de prime abord, que la date du 8 Mars symbolise à ses yeux «les luttes des femmes ouvrières dans le monde pour la consécration de leurs droits». Elle a rappelé à l'assistance son incarcération, il y a de cela une vingtaine d'années à la prison de Médéa du fait de son militantisme pour la défense des droits de la femme et par sa position hostile à l'égard du code de la famille. «J'ai été emprisonnée pour avoir lutté contre le code de la famille qui a débouché sur la régression des moeurs algériennes», dira-t-elle. Ce même code de «l'infamie», selon l'oratrice, est également un paradoxe de taille dans l'Algérie d'aujourd'hui: «Nous sommes dans une République qui interdit la discrimination, nous avons en face de nous un pouvoir qui enfreint les lois civiles du droit positif (...), c'est absurde, voire même irréel», martèle avec ferveur la candidate du PT à la magistrature suprême du pays. Elle est d'ailleurs, «fière» de postuler à la présidentielle du 8 avril 2004. Elle dit que son programme sur lequel elle compte charmer son électorat durant la campagne qui débutera le 18 mars prochain, «comporte une alternative au profit du statut de la femme algérienne en matière d'égalité de droit de citoyenneté». La secrétaire générale du PT est donc pour l'abrogation du code de la famille, un des leitmotivs qui sera évangélisé assurément durant sa campagne électorale. «Je serai le relais des luttes des femmes auprès des institutions de l'Etat» a déclaré Mme Louisa Hanoune. D'ores et déjà, cette femme de fer du PT interpelle l'Etat algérien à ratifier aussi bien la convention internationale n°103 (de 1952) qui protège la maternité de la femme enceinte que celle n°138 qui «interdit tout travail des enfants jusqu'à l'âge de 16 ans». Malheureusement, dira-t-elle «il semble que l'Etat algérien souhaite adhérer à la convention internationale n°183 qui consacre l'exploitation éhontée des enfants de bas âge». Sur une question concernant la commission ad hoc installée par Bouteflika et qui s'est prononcée récemment sur les résultats de la révision du code de la famille, Mme Hanoune à insinué que la démarche de cette commission n'est pas dénuée d'arrière-pensées électoralistes. «De toute manière, le travail de cette commission ne pourra se substituer à celui du législateur (...) c'est inacceptable qu'on réforme une structure de lois au sein d'une commission en catimini», a-t-elle argumenté. En outre, la prochaine élection présidentielle ne se fera pas, selon Mme Hanoune «dans des conditions normales», car selon elle, le climat qui règne dans le pays à la veille de cette échéance «est rempli de violence, d'émeutes et d'insécurité». Sur le cas de Taleb Ibrahimi, président de Wafa dont le rejet de la candidature a fait l'objet d'un scandale constitutionnel, Mme Hanoune dira tout simplement: «Pour que nos voix ne soient pas confisquées le jour du scrutin, nous avons l'intention de nous battre avec tous les moyens légaux.» Evoquant l'affaire du confrère Le Matin, la candidate du PT considère que son parti «n'a pas pour morale de porter des accusations sans fournir de preuves (...) nous sommes pour la consécration de la liberté d'expression et de la presse, mais aussi nous luttons pour l'égalité des citoyens devant le fisc», a-t-elle conclu.