Son objectif est de proposer des experts reconnus et crédibles aux «donneurs d'ordres et donneurs de missions». A ce titre, il valide les programmes et les formations des experts au niveau international. Jacques Vialat, son président, a assisté, il y a quelques semaines, à la sortie de la première promotion de l'Institut des sciences expertales d'Alger, un établissement qui forme des experts internationaux sous l'égide de l'Ordre en question. Il évoque, à travers cet entretien, l'utilité d'un expert pour tout un pays ou pour une simple entreprise. Quels sont les domaines et les modalités de formation des experts internationaux ? Les experts internationaux sont formés dans des instituts agréés par l'Ordre. Les programmes de formation sont identiques dans tous les pays. Les langues de formation sont l'anglais pour les anglophones et le français pour les francophones. Toutes les professions sont concernées par l'expertise. Les critères d'accès à la formation sont une bonne connaissance de la profession choisie par l'apprenant. Quel sont les métiers fortement demandeurs d'experts dans le monde ? Nous n'avons pas voulu choisir des métiers ; nous laissons le besoin choisir pour nous. Concrètement, dans la zone subsaharienne, on va avoir besoin d'experts en développement des territoires, d'experts en agro-agraire… En Algérie, de ce que je sais, je pense qu'il va y avoir, à terme, un besoin d'experts en immobilier et d'experts fonciers, parce que je vois beaucoup de constructions. Je vois, aussi, un pays qui a la particularité d'être très jeune et donc il va falloir, à mon avis, avoir des experts en mesure d'accompagner cette jeunesse sur les choix politiques du pays. Imaginez que l'Algérie décide de s'ouvrir au tourisme, car c'est un beau pays qui possède des paysages magnifiques et des sites historiques ; donc, on peut l'ouvrir au tourisme. Mais cela veut dire qu'il faudra former des experts en tourisme, en hôtellerie, en circuits touristiques… Cela veut dire que dans chaque pays, à partir du moment qu'il tente d'influencer son développement, dans un sens ou dans un autre, il va avoir un besoin d'experts dans les métiers correspondants. Au niveau global, il y a un manque d'experts en santé, en climatologie… Au niveau mondial, il est probable qu'on va manquer d'experts en urbanisme, dans quelque temps, parce que les villes ont tendance à s'accroître et à devenir tentaculaires. Il faut comprendre la ville et comment la faire évoluer. Le besoin se fait sentir, aussi, dans l'expertise financière, et ce, afin de contrôler les destinées de l'argent et éviter leur blanchiment. Il ne faut pas oublier que les blanchiments d'argent peuvent commencer dans les entreprises, d'où la nécessité d'avoir recours aux experts financiers pour combattre ce genre de crime. La situation géopolitique dans le monde a poussé certains médias à demander le profil d'experts en médias et géopolitique afin de mieux maîtriser ce qui se passe en Irak ou en Syrie par exemple. Est-ce que votre ordre est sollicité par les gouvernements pour effectuer des expertises ? Généralement, ce ne sont pas les gouvernements qui nous sollicitent. Ce sont, plutôt, la Banque mondiale, les agences de l'ONU comme le PNUD qui nous demandent des expertises. Les gouvernements peuvent, toutefois, faire appel directement aux experts (qu'ils connaissent) pour des projets particuliers sans passer par l'ordre. Parfois, ces derniers doivent suivre les indications du financeur et donc sont obligés de passer par l'Ordre. A titre d'exemple, si la mission est financée par la Banque mondiale, celle-ci peut exiger la proposition des experts et faire appel à l'Ordre. Pour gérer une crise, n'y a-t-il pas mieux de former des experts ? Oui, parce qu'il faut de la compétence et il faut une compétence objective et beaucoup d'expérience pour pouvoir prendre du recul face à une crise. La crise a la particularité de devoir être gérée, à la fois, dans l'urgence et le recul.