A. Lemili Beaucoup d'interventions, propos multiples, explications parfois à la limite de l'ésotérisme et, en fin de parcours, un sentiment de frustration chez les personnes invitées et parmi celles-ci les futurs candidats à la formation d'expert international. Une vingtaine selon ce qui nous sera annoncé par Jean Vialat, président de l'Ordre des experts internationaux de Genève, présent mercredi passé à Constantine dans le cadre d'une invitation qui lui a été faite par des membres de l'organisme en question mais plus précisément pour l'annonce du lancement des activités de l'Institut «L'expert du millénaire» et le démarrage de la première session de formation, laquelle devrait s'étaler sur quatre jours comme le stipule les dispositions du règlement interne. Qui est d'abord l'Ordre des experts internationaux de Genève, quel est son statut, ses missions, l'identité de ses membres, la nature même de l'expertise objet de la formation, les conditions d'adhésion, la nature de la formation, le coût et le profil des candidats... ? L'Ordre serait une association suisse sans but lucratif qui regroupe des experts de différents domaines de toutes les nations adhérant à l'ONU. «Il a pour but de réunir des personnes qui, du fait de leur expérience professionnelle, de leur compétence et de leur capacité à analyser, rapporter et proposer des solutions, exercent des missions d'expertise dans des domaines touchant notamment aux intérêts collectifs ayant une dimension internationale et à promouvoir l'expertise internationale. En conséquence, il cherche de proposer des experts reconnus et de confiance à tous les porteurs de missions. Un autre objectif de l'Ordre est de défendre la profession et de multiplier les contacts des experts entre eux. Relayé par des instituts régionaux (Instituts des experts internationaux, IEI), l'Ordre a un siège mondial unique à Genève et il gère des Instituts qui le représentent dans différents pays dans le monde.» C'est ce qui est indiqué sur le net et qui a été confirmé de vive voix par le président lors de son allocution de mercredi passé. Face à notre souci de comprendre en quoi il dérogerait d'organisations non gouvernementales à la réputation désormais faite et l'efficacité subséquente comme Transparency International, Tracfin et/ou Oxfam ; notamment en matière de corruption et traçabilité de fonds douteux en circulation notamment si compte est tenu du fait que l'Ordre recèle en son sein une commission qui a pour objectif «l'éthique, la bonne gouvernance et anti-corruption», J. Vialat préfère s'appesantir sur «le respect des valeurs morales dont la non-corruption serait un élément essentiel dans le développement de la société. Au-delà du lancement de la rencontre qu'abrite aujourd'hui votre ville, nous nous sommes déjà rendus dans des pays autres qu'européens où nous avons eu l'heur de rencontrer de grands professionnels, nous vous citerons le Sénégal, le Mexique et le Maroc plus récemment », et question d'impact a posteriori, notre interlocuteur évoque «des retombées positives venant des experts installés et du travail effectué par ces derniers même en dehors du pays d'origine», même s'il considère que dans le fond le poids de l'expert est léger par rapport aux politiques et autres institutions officielles, «mais l'éclairage qu'il apporte lors de ses interventions est pris au sérieux par ceux auxquels il est destiné. D'ailleurs, il n'appartient pas à nos experts de faire des commentaires». Compte tenu de cet argumentaire, il semble donc légitime de s'interroger sur la finalité d'experts dans un pays donné et à plus forte raison en Algérie sinon à Constantine, sachant l'existence d'organes officiellement destinés et rompus à l'exercice de contrôle, d'un mouvement associatif plus ou moins enclin, malgré le peu d'efficacité de ses représentants, à jouer les gendarmes, de ligues de droits de l'Homme, de défense des malades, des consommateurs mais également et surtout de relais médiatiques plutôt présents sur toutes les affaires même si l'impact de leur intervention en le domaine est mitigée.Quoiqu'il en soit, l'Institut du millénaire est réputé né, la formation des experts a commencé l'après-midi de mercredi, avec 260 heures «non pas de cours, mais d'échange d'idées» tiendra à préciser P.J. Coulon, vice-président de l'Ordre en charge des organisations internationales, membre du Comité économique et social européen. Il sera la cheville ouvrière d'une formation des experts dont la durée est de dix mois, répartie en quatre jours de formation, sinon de 280 heures pour l'intégralité. Une formation au prix de 5 000 euros et «...sera de 7 000 euros prochainement» tiendra à nous préciser J. Vialat. A la question de savoir si le règlement se fera en équivalent monnaie nationale, le président de l'Ordre affirme ne pas encore en connaitre la forme. L'expérience va-t-elle durer ? Pas aussi évident que cela, même si Mohamed Lattafi, ambassadeur de l'association suisse à Constantine et initiateur de la rencontre est convaincu du contraire. A. L.