Sans prendre la peine d'aviser les compagnies Air Algérie, Aigle Azur, Tassili Airlines et Atlas Atlantique Airlines desservant l'infrastructure. Prises au dépourvu, les compagnies obligées de prendre des dispositions et d'aviser leurs clientèles contestent cette manière de faire. N'ayant fait l'objet d'aucun communiqué ou d'explication des responsables concernés, la fermeture faisant grincer les dents et couler de l'encre est décalée au 1er avril 2016. Pour lever toute équivoque, les professionnels, les amis de l'infrastructure (ils sont nombreux à Sétif et ailleurs), ainsi que les voyageurs ne s'opposent pas à la rénovation de la piste ne pouvant plus supporter le poids d'un Boeing 737/800 (162 passagers). La durée des travaux fixée dans un premier temps à 10 mois irrite plus d'un. «En 1984, les travaux de renforcement des deux pistes d'une longueur de 3200 m de l'aéroport de Hassi Messaoud ainsi que le parking qui fait trois fois celui de l'aéroport de Sétif n'ont pas dépassé les 3 mois. Dire que les moyens dont nous disposons actuellement sont supérieurs et meilleurs à ceux de 1984. Avec un suivi continu et la mobilisation des équipes devant travailler au moins 2 fois 8 heures et 7 jours sur 7 comme c'est d'usage chez les sociétés étrangères exerçant en Algérie, il est possible de terminer les travaux en un mois. Pour l'intérêt de l'économie de la région et du pays, nous sommes dans l'obligation de faire une course contre la montre. Car le moindre centime perdu a son pesant d'or, en ces temps de vaches maigres», tonnent des initiés, arguments à l'appui. Avant de remettre sur le tapis l'exemple de l'aéroport de Dubaï, les professionnels citent le cas de l'aéroport de Douala (Cameroun) publié le 29 février 2016 sur le site Air-journal. «La réhabilitation et le renforcement de la piste, des bretelles de circulation et des aires de stationnement de l'aéroport international de Douala, la capitale économique du Cameroun, ne durera que trois semaines. C'est-à-dire du 1er au 21 mars 2016. Cet exemple est non seulement édifiant, mais doit donner à réfléchir aux responsables, interpellés une nouvelle fois afin de revoir leur copie et à la baisse la durée des travaux. On ne veut pas être la risée du monde. Pour relever le défi, le maître d'ouvrage et l'entreprise chargée de l'opération pour un coût de 600 millions de dinars (l'équivalent de 5,5 millions d'euros) doivent se mettre à niveau et se retrousser les manches», révèlent non sans colère nos interlocuteurs. Pour les mêmes raisons, l'aéroport de Sétif a été fermé une première fois le 21 septembre 2014, et ce, suite à l'incident de l'avion de la compagnie Tassili Airlines. Les voyageurs de Sétif et sa région ont été contraints d'emprunter des aéroports limitrophes. Durant les 45 jours d'inactivité, la structure et les intervenants ont enregistré un important manque à gagner. Le résultat d'exploitation a été affecté. Le mouvement d'avion, ayant atteint en 2013 les 3465 rotations commerciales et non commerciales, boucle l'année 2014 avec 3348 mouvements (voir le tableau relatif à l'évolution des mouvements). Durant la même période, une opération d'aménagement de l'aéroport de Dubaï a été lancée. Prévue initialement pour 81 jours, l'opération incluant en outre le renforcement d'une piste de 2400 m a été enfin de compte réalisée en 61 jours. Le fraisage d'une épaisseur de 10 cm et l'application de deux ou trois couches compactées de béton bitumineux peuvent être réalisés en un temps record. 237 000 voyageurs en 2015 Pour gagner du temps et terminer les travaux avant les délais impartis, l'entreprise doit obligatoirement recourir à la sous-traitance. Contactés, le directeur des travaux publics de Sétif et le patron de l'entreprise désignée tiennent un discours rassurant : «On doit savoir que le renforcement d'une piste d'un aéroport est une opération particulière et spécifique. Une piste d'atterrissage n'est pas une route. Nous allons tout entreprendre pour réduire au maximum les délais de réalisation. D'autant plus que le wali et le ministre des Travaux publics suivent de près l'opération». En parlant du premier responsable du secteur des Travaux publics, Abdelkader Ouali, qui a été à la fin des années 1990 wali de Sétif où il a laissé de très bonnes impressions, fera, nous dit-on, un tour à Aïn Fouara pour y effectuer une visite de travail. A noter qu'en plus des désagréments occasionnés aux voyageurs, les professionnels estiment le manque à gagner engendré par une aussi longue période de fermeture à 1 milliard de dinars. Afin d'alerter les pouvoirs publics, des professionnels remettent un dossier, confient un dossier englobant en outre la question de la nouvelle aérogare ILS, les 300 mètres en «jachère», au député et vice-président à l'APN, Salah Dekhili, qui a bien voulu nous donner un aperçu sur les démarches entreprises : «Sollicités, les ministres des Travaux publics et des Transports, mesurant l'importance de l'aéroport pour une aussi dynamique région, ne ménageront aucun effort pour que les travaux ne dépassent pas les quatre mois. Ils ont aussi promis de prendre en charge l'extension de la piste à 3200 m. Opération initiée par Son Excellence le président de la République.» La question de ILS (Instrument Linding Système), faisant défaut à l'aéroport du 8 Mai 1945, n'a pas été éludée. Selon le député, le ministre des Transports, Boudjemaa Telaa, s'est engagé à installer l'équipement précité, une fois achevée l'opération de renforcement de la piste. D'après le député, le 19 décembre 2015, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a, à l'issue de sa visite à Sétif, décidé de maintenir le projet de la nouvelle aérogare dotée d'une enveloppe de 200 millions de dinars. Ledit projet vient d'être «gelé». Au grand dam des Sétifiens s'expliquant mal les deux poids, deux mesures des décideurs. D'autant plus que frappée par la même mesure, l'aérogare d'Oran, qui est bien défendu, obtient, quant à lui, une dérogation. Interpellé sur la question, le ministre des Transports, qui n'a pas voulu s'engager, a promis de consulter le Premier ministre. Il convient par ailleurs de souligner que malgré les embûches tendues de certains décideurs de l'ombre, l'aéroport de Sétif est l'un des plus rentables du pays. Privé pourtant des opérations de hadj, omra et des lignes demandées telles que Istanbul, Alicante, Tunis, Casablanca, Dubaï et autres, l'infrastructure occupe, à l'international, la 4e position à l'échelle nationale. Les statistiques de l'Entreprise nationale de navigation aérienne (ENNA) l'attestent. Soulignons qu'en 2015, pas moins de 237 000 voyageurs, dont 214 000 pour l'international, ont bifurqué par l'infrastructure des Hauts-Plateaux sétifiens. Comparativement à l'année 2014, bouclée sur un chiffre de 219 000 passagers, la progression est de 7,5%. N'étant pas négligeable, la croissance se répercute positivement sur l'activité et le chiffre d'affaires des intervenants freiné par des «bureaucrates» bloquant l'ouverture de nouvelles lignes et créneaux. Cette réussite ne fait donc pas plaisir à tout le monde. Pour preuve, la mise en place d'un service de fret, la bonne prise en charge des voyageurs, l'ouverture d'espaces de shopping et de restauration ne sont pas d'actualité, alors que l'importante opération de réalisation d'une nouvelle aérogare devant insuffler une autre dynamique à l'aéroport d'une région commerciale de premier plan a été renvoyée aux calendes grecques, pour ne pas dire enterrer. Dire que le dit projet traîne depuis 2013, au grand dam des Sétifiens craignant pour l'aérogare qui risquerait de passer à la trappe, comme c'est le cas pour le complexe sportif de 50 000 places couvertes, initié, faut-il le rappeler une énième fois, par le président de la République en juin 2007.