Tout n'a pas encore été divulgué au sujet de cette action de levée de fonds. Le mystère reste inexploré sur les finalités de cet emprunt et les capitaux courtisés. Les chances de succès ne sont pas garanties, tout comme les rémunérations, tant il est question d'un placement des plus menacés par l'inflation et la dévaluation de la monnaie. Une chose est sûre, cette option est annoncée sur fond d'épuisement des ressources financières et d'aggravation des déficits, une situation qui en dit beaucoup sur l'avenir des fonds qui seront collectés au moyen de cet emprunt obligataire. L'actuel exercice se révèle des plus difficiles sur le plan comptable ; tarissement plus tôt que prévu des avoirs du Fonds de régulation des recettes (FRR) et aggravation du déficit du Trésor qui devrait culminer à 11,4% du PIB, selon les calculs du Fonds monétaire international (FMI). L'impact de la chute des prix du pétrole devrait faire passer cette année en territoire négatif le solde du FRR, bien que le gouvernement table sur un bilan de 1700 milliards de dinars en 2017 sur la base d'un baril de pétrole à 50 dollars. A première vue, l'option de l'emprunt obligataire servirait à parer au tarissement annoncé des ressources et des liquidités, plutôt que de s'engager à bottes enfoncées dans un endettement extérieur à risque. Voire dans un financement monétaire, encore plus nocif, en faisant fonctionner la planche à billets. Le gouvernement le sait, il ne dispose plus que de trois cordes à son arc : faire le choix d'emprunter à nouveau le périlleux chemin de l'endettement extérieur, opter pour le financement monétaire ou bien se lancer dans une ultime tentative de collecter l'argent des institutionnels et des épargnants parmi les entreprises et les ménages. A priori, cette dernière option serait la solution idoine, bien que ses chances de succès restent marginales, tant il s'agit de mobiliser l'infime épargne des ménages. Mais le gouvernement compte ratisser large en ayant dans le viseur les capitaux en dinars circulant dans les réseaux invisibles de l'économie. Le Premier ministre les avait évalués à 3700 milliards de dinars, quoique corrigé aussitôt par le ministre des Finances, estimant les fonds de l'informel à 1700 milliards de dinars, selon les calculs de la Banque d'Algérie. Même si l'Exécutif multiplie les initiatives à l'adresse de la sphère informelle de l'économie, sa marge de manœuvre reste limitée, tant une bonne partie des capitaux dits informels ont été placés dans des acquisitions foncières ou en devises. L'échec annoncé du dispositif dit de mise en conformité fiscale volontaire renseigne sur l'allergie éprouvée par les mauvais contribuables à l'idée d'un placement bancaire moyennant une taxation libératoire de 7%. Cela dit, il y a une infime chance que des gens peu attirés par une semi-amnistie fiscale le soient par un emprunt obligataire risqué et sans garantie de récupération à la même valeur qu'au dépôt. La tension inflationniste et la dépréciation continue du dinar ne font que saper davantage la confiance, voire les espoirs d'un retour sur investissement. Autant de facteurs qui risquent de contribuer à la désaffection des investisseurs pour cet emprunt obligataire que compte lancer le gouvernement en avril.