pour dénoncer la fausse avancée du statut de la femme brandi, tel un trophée, par le régime à l'occasion de la Journée mondiale des droits de la femme. S'exprimant à l'occasion d'une conférence-débat autour du thème «Le statut de la femme à l'épreuve de la réforme : une égalité qui reste à construire», organisée hier par le bureau d'Alger du RCD, elle souligne «les hésitations» et «les inadéquations» existant dans le droit algérien. Faisant une lecture des différents textes législatifs algériens qui traitent de la question de la femme, Constitution et lois, l'avocate qualifie carrément de «fumisterie» le discours officiel portant sur la promotion des droits de cette catégorie importante de la société. Et pour cause, ajoute-t-elle, le code de la famille qui donne un statut inférieur à la femme est toujours en vigueur, alors qu'il est en contradiction totale même avec la nouvelle Constitution qui consacre «30 articles à l'égalité en droits entre les deux sexes». «Pis encore, il y a une inadéquation entre la loi nationale et le droit international, notamment la Déclaration universelle des droits de l'homme et la Convention internationale de lutte contre toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes», souligne-t-elle. Pour l'avocate, les textes promulgués dernièrement pour la protection et la promotion des droits de la femme ne sont, en fait, que des effets d'annonce. D'abord parce que leur application sur le terrain dépend d'autres textes dont la préparation se fait, souvent, après des années de retard, à l'image de la loi sur la promotion de la femme en politique, prévue dans la Constitution de 2008 et qui n'a été promulguée qu'en 2012. Ensuite, Mme Sadat souligne l'écueil principal qui annihile tous les efforts visant à consacrer l'égalité entre l'homme et la femme : l'article 2 de la Constitution qui consacre l'islam comme religion de l'Etat. «Quand il y a un vide juridique, le juge revient à la charia, d'où est inspiré le code de la famille», rappelle-t-elle. Citant les nombreuses inégalités contenues dans la législation, dont le tuteur matrimonial, la répudiation et la polygamie…, l'avocate affirme que le changement de la situation des femmes et l'égalité entre les deux sexes ne «peuvent pas être prônés par le biais d'une ordonnance». «Le volontarisme politique ne suffit pas. Au RCD, nous pensons qu'il faut une réforme globale et globalisante, qui commence par la réforme du régime. Il faut aussi abroger le code de la famille», enchaîne-t-elle. Estimant que même le durcissement des peines prévu dans le code pénal n'est pas suffisant pour mettre un terme à la violence à l'égard des femmes, la conférencière plaide pour le changement des mentalités et la réforme des systèmes éducatif et d'enseignement. «Avec tout cela, on constate que l'égalité reste à construire», lance-t-elle.