Les cités nouvellement réalisées, notamment dans le cadre de l'AADL, manquent d'équipements publics devant répondre aux attentes et besoins des nouveaux habitants, particulièrement en matière de loisirs éducatifs et de la prise en charge de la frange juvénile. Les pouvoirs publics, en réalisant ces lieux d'habitation aux appellations numériques et aux allures tentaculaires, donnent la priorité seulement au relogement de la population, la question des commodités viendra après. A peine quelques jours après le recasement de milliers de familles dans ces cités, les réclamations commencent à se faire entendre. C'est le cas de la cité AADL dans la commune de Heuraoua, qui a accueilli depuis l'année dernière des centaines de nouveaux habitants. La cité a été réalisée en un temps record. Hormis les immeubles qui occupent la majeure partie de l'assiette foncière, aucune structure dédiée aux loisirs et au sport n'a été réalisée. Aux abords des immeubles implantés à équidistance, des fractions de terrain cernées par des murettes grillagées arborent un semblant d'espaces verts, qui font office de lieu de détente et de distractions. Mis à part ces parcelles de jardin improvisées, la cité est dépourvue de toute commodité ou aménagement. Les jeunes préfèrent se détendre dans les champs et vergers qui avoisinent leur cité. Ils y organisent d'interminables parties de football. Dans les entrailles de la cité, les jeunes prennent de plus en plus d'habitudes symptomatiques d'une oisiveté qui commence à avoir de l'emprise sur eux. Des groupes de jeunes se rassemblent dans les cages d'escalier, dans les allées de la cité et aux abords des immeubles. «Nous organisons des matchs de foot entre nous. Mais pour une pratique sportive dans un cadre organisé, nous n'avons pas encore cette opportunité», déplorent des jeunes rencontrés à proximité de leur immeuble. «Notre cité est dépourvue de salles de sport», poursuivent-ils. A l'absence de salles de sport dans la cité, s'ajoutent l'absence de maison de jeunes et de centre culturel devant soustraire ces jeunes à la rue et à ses méandres. «Nous avons beaucoup de jeunes qui sont doués dans le domaine de la musique, des arts dramatiques et plastiques, d'autres dans les activités scientifiques, mais tout ce potentiel est laissé en jachère, car notre cité ne dispose ni de centre culturel ni de maison de jeunes. La seule maison de jeunes se trouve au chef-lieu de la commune et est loin de répondre aux besoins des jeunes», regrettent-ils. Les spécialistes sont unanimes à dire que ces cités sont de véritables bombes à retardement, et qu'il convient de les doter de commodités et d'équipements publics avant qu'elles ne deviennent des lieux de délinquance.