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Hommage au Professeur Abderrrahmane Saidia
Publié dans El Watan le 27 - 03 - 2016

La disparition brutale et inattendue du Professeur Saidia venait de m'être annoncée par un ami, il venait d'être enterré, ce fut un vendredi, jour de prière à la mosquée, ça ne pouvait être qu'un choc émotionnel dans pareille circonstance pour moi et pour tous ceux qui l'ont connu de près ou de loin.
Un cortège des plus impressionnants des citoyens de la ville et de ceux venus de loin l'ont accompagné à sa dernière demeure. La perte cruelle d'un être cher est ressentie comme un malheur d'abord par ses plus proches, sa famille, sa femme, ses enfants et tous les autres membre de la famille élargie qui l'ont côtoyé tout au long de sa vie et avec lesquels il a eu des relations de fraternité, de parenté, résidents à Annaba ou parents éloignés de la ville dont il est originaire, Héliopolis, ou de la région de la grande et farouche tribu guerrière berbère ancestrale les Foughala, à l'instar de feu Mohamed Boukharouba, le président Houari Boumediene. Il me plaisait de lui dire qu'il est de la même trempe que feu Houari Boumediène : «ça se pourrait, répliquait-il avec un sourire discret, nous devons avoir les mêmes gènes vu que nous sommes de la même tribu».
J'ai connu le Pr Saidia à la fin de son résidanat, à l'occasion de son DEMS qu'il venait de passer à l'hôpital Parnet à Hussein Dey à la fin du premier semestre de l'année 1980 ; il était mon aîné de quatre années. Je venais tout juste d'être nommé maître-assistant et le Pr Benseman, président de jury, me chargea de surveiller les trois candidats qui composaient à l'amphithéâtre de pédiatrie.Si j'ai gardé en mémoire ce souvenir, ce fut d'abord le fait que c'est ma première participation à une surveillance d'un examen, mais surtout j'étais subjugué par le sang-froid du candidat, le résident d'alors venu du CHU de Constantine, le Dr Abderrrahmane Saidia.
Il était imperturbable, il ne dégageait aucune émotion pendant toutes les épreuves, il avait une force de caractère inhabituelle pour un candidat dans pareille épreuve. Il fut reçu bien sûr haut la main. Il a vite fait de rattraper le retard, ou du moins il a su gérer sa progression universitaire d'une façon rationnelle, il soutient une thèse DESM quatre ans après.
Il rejoint le CHU de Annaba où il a pris les commandes du service ORL et CCF inexistant ou au stade embryonnaire. Il s'est mis à la tâche sans relâche, et progressivement il créa et équipa le service dans tous les domaines de la spécialité. Ayant la fougue de la jeunesse et l'ambition de l'élite, il obtient l'affectation de ses premiers résidents qu'il encadre, qu'il dirige, qu'il forme en vrai maître alors qu'il était tout juste maître-assistant.
La deuxième rencontre marquante avec le Pr Saidia fut le concours de Docentat que nous avons passé ensemble, nous étions deux. Il fut bien évidement reçu, seul candidat pour le poste d'Annaba, quant à moi, je devais attendre deux années après, poste protégé du président du jury malgré mon engagement à ne pas le prendre et malgré d'autres postes ouverts d'ORL dans les autres CHU d'Alger. La carrière fulgurante du Pr Saidia était sans égale, il fut reçu au grade de Professeur d'université, et au poste de chef de service titulaire, poste qu'il occupa jusqu'à ses derniers mois.
Il prit la destinée de la seule société nationale existante depuis plusieurs années dont il est toujours le président. Les titres et travaux du Pr Saidia étaient sans égal comparé à ses autres collègues en ORL ou dans les autres spécialités. Malgré l'éloignement de nos services et nos relations professionnelles qui se sont distancées, nos équipes respectives se rencontrèrent souvent ces dernières années lors des congrès internationaux où la participation algérienne marquait sa présence par des communications orales ou écrites.
Une affinité s'est créée entre les assistants de nos deux équipes, fiers de représenter la même médecine, le même drapeau et le même pays. Nous nous solidarisons et encourageons les communicants, qu'ils soient d'Annaba ou d'Alger. Il a à son actif la formation de cinq professeurs et une maître de conférences, record battu dans notre spécialité, personne parmi nos maîtres ou les professeurs de sa génération n'a égalé cette performance.
Il fut un des doyens de la faculté de médecine d'Annaba, le plus actif pendant des années, où des conventions et des accords ont été établis avec des universités méditerranéennes et européennes dans le cadre de la formation des formateurs et des échanges scientifiques de haut niveau furent périodiquement organisés. Il occupa le poste de directeur général du CHU d'Annaba, l'un des plus importants de tout l'Est algérien dont les activités étaient des plus débordantes devant les évacuations des patients des wilayas limitrophes dépourvues de plateaux techniques adéquats ou de spécialistes et en particulier pendant la saison estivale où il fallait faire face à des milliers de patients estivants. «Je devais être à mon poste, et ceci pendant plusieurs étés depuis de nombreuses années, il faut assumer et être à la hauteur de sa mission quand on accepte pareilles responsabilités», disait-il.
Le Pr Saidia ne pouvait laisser ceux qui l'ont connu ou rencontré indifférents, sans réaction à son égard. Son autorité était perpétuellement affirmée et ses propos sur différents sujets attentivement écoutés, exploités et pris en considération. Sa personnalité n'avait d'égale que les principes qu'il avait et qu'il défendait, que sa propre échelle de valeurs qu'il appliquait, que l'élitisme qu'il incarnait et qu'il perfectionnait, il ne pouvait en être autrement pour lui, il était exigeant avec lui-même, il ne pouvait être autrement avec les autres.
Il fallait être de sa trempe, de son niveau pour pouvoir le comprendre, le suivre et accepter sa personnalité, mais l'être humain a sa propre échelle de fierté, de dignité et une divergence de vue qui ne peut être partagée. Le Pr Saidia aurait mérité plus d'égard de la part de ceux qui lui ont fait confiance en lui attribuant des postes de responsabilité qu'il a assumée avec altruisme, compétence et abnégation. Il prenait à cœur, avec une fougue excessive et passion exagérée tout ce qu'il entreprenait.
Il ne pouvait qu'être désabusé devant l'ingratitude et le manque de considération reconnaissante pour tout le sacrifice qu'il a consenti à tous les postes de responsabilité qu'il avait occupés et assumés. J'emprunte cette citation qui sied aux grands hommes : «Malgré les erreurs, voire les fautes que certains grands hommes peuvent commettre et qui n'enlèvent rien à leur mérite, ils n'étaient ni des anges ni des bêtes, mais rien que des hommes avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs qualités et leurs défauts» ; comme eux, le Pr Saidia fut un de ces hommes.
Il était de mon devoir, ayant connu le Pr Saidia depuis le début de sa carrière, voilà de cela plus de 35 ans, il était de mon devoir d'apporter mon témoignage en signe de reconnaissance de tout son parcours professionnel et de tout ce qu'il a apporté pour la médecine d'une façon générale et pour notre spécialité d'une façon particulière. A sa femme et ses enfants, en mon nom et au nom des collègues et amis, nous présentons nos sincères condoléances et partageons cette lourde et cruelle peine. Qu'ils trouvent auprès de nous un soutien indéfectible.
Que Dieu le miséricordieux, le tout puissant l'accueille en son vaste paradis.

Par : Pr Omar Zemirli
Chef de service ORL hôpital de Beni Messous


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