Le ministère de la Défense nationale (MDN) réagit aux propos du général à la retraite Ali Ghediri, sur la présidentielle et le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. Estimant qu'il «roule pour des cercles occultes», composés «d'anciens militaires», le MDN qualifie sa sortie de «grave dérive». «Ces individus s'accordent une vocation et une dimension qui ne sont pas les leurs, et se lancent, sans aucun scrupule, dans des affabulations débridées, découlant d'un narcissisme maladif, qui les pousse jusqu'à prétendre bien connaître le haut commandement de l'Armée nationale populaire, pour prévoir sa position vis-à-vis de l'élection présidentielle», précise le MDN, dans un communiqué rendu public, hier. Et d'ajouter : «C'est une grave dérive qui dénote d'un seuil inquiétant d'inconscience que seule l'ambition aveugle peut provoquer.» «A ce propos, l'Armée nationale populaire, faut-il le noter, dont la démarche est dictée par son caractère éminemment légaliste et républicain, respectueux de l'ordre constitutionnel, n'a pas de leçon à recevoir d'individus qui n'existent que par les cercles qui les commanditent», note le ministère, qui vient de consacrer une très longue mise au point à Ali Ghediri, sans le nommer. Ce dernier reçoit, en effet, un violent tacle, dans la mesure où la grande muette a fait usage d'une terminologie, peu habituelle, pour exprimer son agacement des sorties du général à la retraite. «A l'approche de l'échéance électorale présidentielle, certains individus mus par des ambitions démesurées et animés par des intentions sournoises tentent, et par tous les moyens, notamment les médias, de préjuger des prises de position de l'institution militaire vis-à-vis de l'élection présidentielle et s'arrogent même le droit de parler en son nom», précise-t-on dans ce communiqué, chargé de qualificatifs négatifs, choisis pour traiter «ces anciens militaires à la retraite». «En agissant ainsi, ces individus aigris et sans envergure, qui ne lésinent pas sur l'emploi des moyens les plus déloyaux, visent sans succès à influencer l'opinion publique et de s'affubler de la crédibilité qui leur fait énormément défaut», estime le MDN dans son document. «N'ayant pas trouvé d'échos à leurs interventions écrites récurrentes, diffusées dans les médias, estime la même source, ces derniers, qui se sont improvisés, pour la circonstance, en experts pluridisciplinaires, ont été a priori instruits de s'adresser au haut commandement de l'Armée nationale populaire, comme ultime recours.» Dans ce sens, le ministère de la Défense regrette le fait que certains militaires à la retraite «rejoignent des cercles occultes, et ce, dans le seul but d'assouvir des ambitions personnelles démesurées, qu'ils n'ont pu réaliser à l'intérieur de l'institution». Ce faisant, il rappelle l'obligation de réserve imposée par la force de la loi aux militaires, même s'ils sont à la retraite. «Ces gens-là, qui ont fait abstraction de toute considération à l'obligation de réserve à laquelle ils sont astreints, en vertu de la loi n°16-05 du 3 août 2016 et sous peine de laquelle ils peuvent être poursuivis en justice, s'essayent à la politique, avec comme seul attribut l'esprit revanchard et se permettent, sans respect de toute forme d'éthique et de déontologie, de s'ériger en donneurs de leçon», ajoute-t-on dans le même communiqué. Poursuivant, le communiqué rappelle les missions de l'ANP. «Feignant méconnaître les missions constitutionnelles de l'Armée nationale populaire, ces individus demandent publiquement au vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, à prendre ses responsabilités pour, selon eux, consolider les acquis démocratiques, dans un discours à la fois alarmiste et malintentionné», précise également la même source «en regrettant l'acharnement de ces individus contre l'institution qui les a vu grandir, au sens propre et figuré». «Leur démarche, qui ne saurait être individuelle tant les arguments qui la sous-tendent sont fallacieux, semble obéir à une machination fomentée par des cercles occultes», indique la même source. Le ministère de la Défense menace, à cet effet, de poursuivre en justice les auteurs de ces appels. «Enfin, compte tenu de ces agissements récurrents qui ont dépassé, par leur indécence, le seuil de l'intolérable, notre institution se réserve le droit de faire appliquer, à l'encontre de leurs auteurs, les mesures légales appropriées», conclut la même source.