En 2025, ils seront 400 millions, pour atteindre 700 millions de francophones en 2050. Les projections les plus folles font même état dans un demi-siècle de plus d'un milliard d'individus formés et communiquant dans la langue de Molière et de Voltaire. Et si le nouvel or noir n'était ni l'anglais, ni le chinois et encore moins l'espagnol ou l'arabe mais bel et bien le français ? s'interroge-t-on. L'aire d'influence du français semble pour tous se rétrécir comme une peau de chagrin, mais cette langue aurait encore de beaux jours devant elle. La francophonie deviendrait-elle un champ de bataille pour une nouvelle guerre de leadership ? En tous cas, les conclusions de cette analyse réalisée par la radio d'informations continues ne contiennent aucune ambiguïté quant à la prévalence du français en Afrique. «L'avenir de la langue française n'est ni en France ni au Vietnam mais en Afrique qui va connaître dans les prochaines années une explosion démographique sans pareille et cela à l'opposé des autres continents», est-il prédit. En matière de recherche de postes d'emploi pour les individus et d'essor économique et sociale pour les Etats, sans s'appesantir sur les dimensions géostratégiques et militaires, la connaissance et la maîtrise de l'idiome hexagonal s'imposeraient de plus en plus. Les médias internationaux placent leurs pions Ayant compris les enjeux médiatiques et économiques liés à la connaissance et à l'utilisation du français, Pékin a dernièrement lancé un journal télévisé en français destiné aux Africains. Pour contrecarrer les idées répandues dans la sphère francophone sur ses dépassements continuels envers le peuple palestinien et l'illégalité de ses actes, Israël a fait de même en lançant une chaîne de télévision francophone propagandiste. La Russie, le Qatar, l'Angleterre avec la BBC et les Etats-Unis à travers CNN ne sont pas en reste de cette course à l'audience des francophones. Ces médias lourds envisagent sérieusement de lancer des chaînes d'informations continues en français. Tous se positionnent dans le champ médiatique international par le biais de cette langue qui fut langue de prestige, de connaissances et de culture ainsi que d'ouverture vers les autres des plus grands monarques européens des temps passés, rappellera-t-on. Comme on le voit, chaque puissance place ses pions pour capter et influencer l'attention des francophones dont le nombre ira crescendo, selon les perspectives les plus optimistes corroborées par les résultats d'audience de chaînes telles qu'Arte et TV5. Ces chaînes publiques francophones ne cesseraient de gagner des parts de marché et de plus en plus de téléspectateurs suivraient leurs éditions de journaux télévisés provenant de plusieurs pays pour leurs tons différents et l'éclairage nuancé qu'ils apportent sur les événements du monde. Un acquis à bonifier Qu'en est-il en Algérie à propos du français ? Les avis sont partagés entre partisans et détracteurs reprenant les vieux arguments maintenant éculés. Butin de guerre, selon Kateb Yacine, langue d'exil et d'éloignement de ses origines pour Malek Haddad, cheval de Troie au service du néocolonialisme, pour certains, simple idiome administratif inoffensif et inopérant pour d'autres, l'utilisation et la maîtrise du français ne susciteraient plus de polémiques homériques comme par le passé. La guerre entre arabophones et francophones ayant fait les choux gras de certains journaux dans les années 70' et 80' semble obsolète à l'ère de la mondialisation. Les uns se sont mis à l'arabe et les autres ne dédaignent plus apprendre le français. Le bilnguisme semble la meilleure voie à suivre. Batailler pour telle ou telle langue n'intéresse plus personne. Pour preuve, l'insistance des parents d'élèves à ce que leurs enfants soient tous imprégnés de français en plus de l'arabe, de l'anglais et même de l'espagnol, cette dernière qui gagnerait du terrain par rapport aux autres codes linguistiques en vogue dans le monde. «Dans dix ans, le français aura totalement disparu de l'Algérie», estime néanmoins un cadre de l'Etat déplorant que l'on ait réussi à déprécier, dilapider et perdre une telle ressource. Une prédiction que ne partagent pas de nombreuses personnes interrogées qui soutiennent mordicus que le français, au même titre que les autres langues, n'est qu'un moyen de communication et un viatique vers les autres peuples le pratiquant. Vivement présent en Algérie, le français est utile et vital non seulement dans la vie professionnelle et culturelle de millions de personnes, mais aussi pour des dizaines d'écrivains et d'intellectuels. «Vu les incertitudes des lendemains et la levée de boucliers des simples gens contre les manipulations politiques menant au repli sur soi et à l'autarcie intellectuelle, la langue française, gracieuse et belle et que beaucoup auraient aimé apprendre et qui l'apprendront pourvu qu'ils aient une bonne raison de le faire, est un acquis que l'Algérie peut bonifier et ainsi faire valoir son indéniable expertise», rétorquent les défenseurs de cette langue qui n'a décidément pas fini de faire parler d'elle.