Les gens de Timimoun réalisent des merveilles en matière d'artisanat. D'où notre engagement à valoriser ce patrimoine millénaire, chez nous en Alsace, et pourquoi pas dans les autres régions de France ». Cette déclaration émane des animateurs de l'association Trait d'union pour la solidarité entre l'Alsace et l'Algérie qui, accompagnés d'une cinquantaine d'Alsaciens, viennent de séjourner pendant dix jours à Timimoun. Encadrée par cinq membres du bureau de l'association, la délégation s'est frottée, en effet, aux artistes locaux, particulièrement « ces femmes tisserandes auxquelles nous apportons un soutien logistique », explique à El Watan Mme Radigue. Responsable du secteur de l'artisanat au sein de l'association, cette ancienne cadre de l'éducation nationale française tient tout d'abord à revenir sur les motifs qui ont présidé à la création de cette ONG. « C'est le couple Faisant, Suzel et Paul, qui en est l'initiateur. Nos deux amis ont vécu en Algérie, à Sidi Ghilès près de Cherchell jusqu'en 1994. Ils n'ont pas hésité à créer Trait d'union dès leur installation en Alsace, afin, disaient-ils, de garder le contact avec cette Algérie qu'ils chérissent tant », dit-elle. Et d'ajouter : « L'idée était avant tout de renforcer les liens entre l'Alsace, où vit une communauté algérienne, et l'Algérie avec son Grand-Sud qui nous fascine. Depuis la création de l'association, nous organisons annuellement des rencontres franco-algériennes à Bambois-Lapoutroie, près de Colmar (Alsace). Nous faisons venir d'Algérie des artisans, des artistes, des musiciens, des tisserands, des potiers ou encore des sculpteurs. Ces rencontres permettent à nos hôtes algériens d'échanger leurs expériences avec leurs homologues alsaciens. Je dois signaler que le consul d'Algérie à Strasbourg nous fait l'honneur d'assister à toutes les actions qui se déroulent en Alsace. » Pour 2005, Trait d'union inverse la vapeur. Pour la première fois depuis son existence, elle a décidé donc d'organiser son festival à Timimoun. Un programme riche a été concocté avec, notamment, l'apport des élèves des sections « vêtement » et « bois » du Lycée professionnel Blaise Pascal de Colmar. Ces jeunes ont eu la possibilité d'assister « en direct » à la confection d'un tapis traditionnel ou d'une œuvre tissée par les femmes de l'Oasis rouge. De leur part, les professeurs du lycée ont prodigué des conseils aux tisserandes de Timimoun en ce qui concerne les techniques de teinture. Un groupe de hip-hop de Colmar, une troupe de jazz de Strasbourg, le groupe polyphonique Nagham d'Alger, les groupes Hamouda d'Adrar et Aïcha deTimimoun (chant chahamba) se sont produits lors de ce festival. La « fête » a été couronnée d'un concert franco-algérien avec l'ensemble des musiciensdes deux pays.« Aucune fausse note n'a émaillé cette symbiose lyrique », se félicitent M. et Mme Samson, deux Alsaciens qui étaient du voyage. Il faut savoir que l'association milite pour que le produit artisanal de Timimoun soit commercialisé en Alsace. « C'est le minimum que l'on puisse faire pour ces grandes dames du Gourara », conclut Mme Radigue.
