Le président russe, Dmitri Medvedev, a félicité hier son « petit frère » pour son succès. La rebelle Ukraine revient à de meilleurs sentiments… Le Premier ministre ukrainien, Ioulia Timochenko, refuse de reconnaître sa défaite et va contester le résultat de l'élection présidentielle, malgré des pressions de l'Occident et de la Russie dont le président Dmitri Medvedev a félicité hier son rival Viktor Ianoukovitch. « Je ne reconnaîtrai jamais la légitimité de la victoire de Ianoukovitch avec un scrutin pareil », a déclaré Mme Timochenko lors d'une réunion lundi soir avec son groupe parlementaire, selon l'influent journal en ligne Ukraïnska Pravda, citant des sources au sein de son parti. Lors d'une conversation téléphonique, « pour le succès rencontré lors de l'élection présidentielle » de M. Ianoukovitch, Paris a, de son côté, salué le second tour de dimanche, jugeant qu'il s'était déroulé « de manière transparente et sans heurts », au lendemain d'un rapport de l'OSCE invitant Mme Timochenko à s'incliner après une élection jugée « honnête ». Les Etats-Unis ont aussi salué hier le bon déroulement de la présidentielle, dans un communiqué de leur ambassade à Kiev, sans toutefois faire aucune mention du vainqueur. L'opposant Ianoukovitch a obtenu 48,96% des suffrages dimanche contre 45,47% pour le Premier ministre, selon les résultats quasi-complets de l'élection publiés hier par la commission électorale centrale après le dépouillement de 99,98% des bulletins. L'axe Moscou-Kiev plus fluide… Plusieurs parlementaires du bloc Timochenko ont indiqué hier que des plaintes allaient être déposées devant les tribunaux pour remettre en cause le résultat du vote. « Nous allons, au cours des deux prochains jours, préparer des plaintes devant les tribunaux administratifs », a déclaré le député Sergui Sobolev à la télévision. Mme Timochenko va d'abord tenter d'obtenir l'invalidation des résultats dans certains bureaux puis, en cas de succès, remettre en cause le résultat global du scrutin, a précisé une députée du bloc Timochenko, Olena Choustik. « S'il y a un verdict positif dans (plusieurs) tribunaux, alors nous contesterons le résultat global de l'élection », a-t-elle fait valoir, selon l'agence Interfax, n'excluant pas dans ce cas un troisième tour. « Il y a des perspectives d'invalider le résultat dans dix à vingt bureaux de vote. Or, pour rattraper le retard, il faut que cela ait lieu dans 1500 bureaux. C'est irréel », a estimé Olexandre Tchernenko de l'ONG ukrainienne Comité des électeurs spécialisé dans la surveillance des scrutins. « Les tentatives d'invalider le résultat du vote sont un moyen de pression sur le camp adverse. Timochenko tente de gagner du temps pour les marchandages politiques à venir », juge le politologue indépendant Stanislav Belkovski. Pour se débarrasser du Premier ministre Timochenko, M. Ianoukovitch devra d'abord former une nouvelle majorité au Parlement et rallier pour cela des transfuges du camp orange (de Timochenko et du président sortant Viktor Iouchtchenko). Il peut aussi dissoudre l'Assemblée et convoquer des législatives anticipées, un scénario mal vu par tous, tant le pays est las des crises politiques et élections à répétition. A.F.P., R. I.