La BEA ambitionne d'ouvrir une banque algérienne à l'international, a révélé, hier à Alger, son président-directeur général, Mohamed Loukal. «Nous en sommes au cinquième axe de notre stratégie de développement. Nous avons conforté nos paramètres financiers, ce qui nous permet d'être une banque émergente. Et nous ambitionnons donc d'aller à l'international», a déclaré M. Loukal, en marge d'une journée d'information sur l'emprunt obligataire national lancé par l'Etat le 17 avril. Et d'ajouter : «La loi algérienne permet de créer une banque à l'international. On passera certainement par le Conseil de la monnaie et du crédit, entre autres. Mais nous n'avons pas encore déposé de dossier dans ce sens.» La BEA est déjà présente à l'international à travers plusieurs filiales et participations en Europe, aux Emirats arabes unis et au Luxembourg, selon lui. «Mais pas de banque à 100% algérienne», a-t-il précisé. En Algérie, la banque publique disposait en 2013 de plus de 20 participations et filiales, tant industrielles que financières. Lors de la présentation du bilan financier pour l'année 2015, le patron de la BEA a souligné que la banque, dont le client majeur est le groupe Sonatrach, a réussi à atténuer «l'onde de choc externe» liée la baisse drastique des prix de pétrole grâce à ses «capacités de résilience». Pour l'exercice 2015, la BEA a réalisé un bénéfice net de 33,4 milliards de dinars, en hausse de 13% par rapport à 2014. La baisse des ressources financières des hydrocarbures (-46% en 2015) a été «largement compensée», d'après M. Loukal, par une hausse de 238 milliards de dinars des ressources d'autres secteurs, provenant à hauteur de 161 milliards de dinars de grandes entreprises hors Sonatrach, de 57 milliards de dinars de PME/PMI et de 20 milliards de dinars des ménages et des particuliers. «La diversification du portefeuille de la banque est devenue structurelle. (…) Nos capacités financières restent intactes», a insisté Mohamed Loukal, notant que la BEA a augmenté son capital en décembre 2015, le portant de 100 à 150 milliards de dinars. Pour ce qui est de l'emprunt obligataire national, la BEA a collecté jusque-là plus de 50 milliards de dinars. Une part de 60 à 70% de ce montant a été souscrite par de grandes entreprises publiques, contre 30 à 40% par des entreprises privées et des particuliers. «C'est une performance. Nous n'avons pas encore épuisé toutes les niches de collecte. Nous atteindrons bien plus que ce montant», a commenté le PDG de la banque publique, relevant que ce mécanisme, visant à financer une partie de la croissance économique par les épargnes, a été rendu «flexible» par les autorités. Lancé le 17 avril dernier, l'emprunt obligataire d'Etat, baptisé «Emprunt national pour la croissance économique», limité jusque-là aux agences bancaires et postales, aux succursales de la Banque d'Algérie et des trésoreries principales, centrales et de wilaya, a été élargi aux agences des compagnies d'assurance. Les obligations sont d'une valeur de 50 000 DA chacune et assorties de deux taux d'intérêt fixés en fonction du délai de remboursement : les obligations de 3 ans avec un taux d'intérêt de 5% et celles de 5 ans avec un taux d'intérêt de 5,75%.