Au moins 20 personnes, employés et cadres de la direction du commerce et des prix (DCP), sont régulièrement convoquées depuis quelques jours par les enquêteurs de la gendarmerie d'El Tarf. Autrement dit, l'ensemble du personnel du service est auditionné suite à une plainte déposée par la directrice de cette administration. L'affaire, que traite le procureur de Dréan, n'est pas sans gravité. Ce n'est pas tant le préjudice – estimé à un peu plus de 20 millions de dinars – que le degré de complicité et l'audace des agents indélicats qui indiquent à quel point l'administration est gangrenée par la corruption. En novembre 2009, pendant que la directrice de cette administration était en congé de détente, une brigade de la DCP a effectué un contrôle de qualité chez un conserveur de tomate, à Besbès, plaçant sous séquestre 200 000 boîtes de concentré suspectes. Comme c'est son droit, le conserveur fait un recours et un second contrôle a lieu en décembre. La décision de saisie est maintenue. Le conserveur se plaint auprès de la direction régionale de la répression des fraudes de Annaba, puis plus rien. A son retour, la directrice est informée de cette affaire et enquête discrètement. Elle apprend alors que malgré les injonctions de la DCP, les 200 000 boîtes ont disparu des stocks pour être mises sur le marché. Elle convoque le conserveur qui se justifie en produisant un document émanant de la DCP avec cachet humide, paraphe et griffe de l'intérimaire, qui l'autorise à vendre sa marchandise, estimée à plus de 20 millions de dinars. Le document, une mainlevée, est bien parti de la DCP mais l'intérimaire se défend de l'avoir établi, signé et expédié par fax. On en saura probablement plus à l'issue de l'enquête. L'affaire, cependant, fait des vagues parce qu'elle en rappelle une précédente où la DCP s'est trouvée au centre de la disparition et la destruction de PV impliquant des commerçants qui ont pignon sur rue. Elle a été jetée aux oubliettes. Cette nouvelle affaire donne à croire que la corruption dans ce milieu s'est installée solidement et durablement et qu'elle ne craint pas les « pichenettes » de l'administration ou de la justice.