Les enquêtes se suivent mais ne se ressemblent pas dans la wilaya d'El Tarf. Les différents secteurs d'activité sont sous la loupe des enquêteurs, tantôt dépêchés d'Alger tantôt diligentés par le commandement de la gendarmerie de la 5e Région militaire de Constantine. Ainsi, 30 hauts responsables de la wilaya, parmi eux 3 directeurs de l'exécutif, sont convoqués par le tribunal d'El Tarf, le 21 novembre prochain, pour être auditionnés dans “l'affaire du mobilier scolaire”. Cette affaire, où l'histoire retiendra le comportement douteux des élus locaux, a un rapport étroit avec le secteur de l'éducation qui a été paralysé, trois années durant, suite aux agissements de la Direction de l'équipement et du logement. Les responsables de ce secteur, dont le directeur, sont appelés à répondre des accusations portant sur le détournement de mobiliers scolaires stockés dans un hangar dans la commune de Aïn Karma, la passation de marché douteux en violation de la réglementation en vigueur. Une transaction décriée par un ex-élu à l'APW, membre de la commission des marchés de la wilaya, et qui a été livré en pâture par les siens pour avoir dénoncé la dilapidation des deniers publics et le préjudice causé au secteur de l'éducation. Pour rappel, ce marché, qui devait être octroyé en 2003 à une unité de production de bois, avait été cédé, sous l'influence d'un responsable local, à un postulant versé dans l'import-export. Une attitude dénoncée par ce membre de l'APW parce qu'elle est en porte-à-faux avec les termes du cahier des charges. Au lieu d'avoir le soutien des membres de l'APW, M. Blaid, puisque c'est de lui qu'il s'agit, passe en conseil de discipline où les membres ont voté une motion pour l'écarter complètement. Le marché a été octroyé au plus-disant en disqualifiant la SNLB, une société connue pour son sérieux dans le travail. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'heureux bénéficiaire du marché organisa à El Tarf une exposition de mobilier scolaire produit par la SNLB. En outre, la soumission ayant atterri entre les mains des membres de la commission des marchés dépasse celle de la SNLB de plus d'un million de dinars. Autrement dit, si le producteur et son sous-traitant ont soumissionné, c'est ce dernier qui est retenu. Au moment de la liquidation du paiement, le contrôleur financier rejette le dossier. Refoulé par la fenêtre, il revient par la grande porte grâce à la complicité des responsables locaux ayant intérêt dans cette affaire qui a défrayé la chronique à El Tarf. Le fournisseur du mobilier scolaire eut un délai de grâce en changeant l'intitulé de son registre du commerce en passant de l'import-export à la rubrique fabrication de bois. Par ailleurs, l'on apprend que ce fabricant n'a livré que le tiers du marché tout en empochant la totalité de la facture sans être inquiété. Tahar B.