La ville des Mozabites sortira de nouveau de l'anonymat à l'occasion du procès des 17 détenus, dont le docteur Fekhar-Edine, qui se déroulera aujourd'hui dans une session de la cour criminelle de Ghardaïa. Reportée lors de son examen le 27 février dernier, la date du procès « n'a été communiquée aux familles des détenus et au collectif des avocats que vers la fin de l'après-midi du jeudi 10 mars 2005 », regrette d'emblée le FFS dans un communiqué signé hier par le secrétaire national chargé des droits de l'homme. Ainsi, dénonce le parti d'Aït Ahmed, « cette procédure est une manœuvre grossière visant à tenter de prendre de vitesse l'opinion et à diminuer les capacités de mobilisation des citoyens et des militants des droits de l'homme ». A cette occasion, le FFS réitère « son soutien à la population de Ghardaïa et réaffirme son engagement indéfectible à renforcer le mouvement de dissidence pacifique et national ». S'agissant du procès, le doyen de l'opposition appelle l'opinion nationale et internationale à se solidariser avec l'ensemble des détenus d'opinion, les militants des droits de l'homme et les citoyens victimes de la hogra et de l'arbitraire. Le procès puise sa genèse dans les événements de Ghardaïa qui ont éclaté le 13 octobre 2004. 12 prévenus ont été arrêtés entre la mi-octobre et le 1er novembre 2004 et mis en détention provisoire jusqu'à ce jour. Dès la prononciation des accusations par le tribunal de Ghardaïa, le FFS les a qualifiées, dans une conférence de presse le 22 février 2005, de « disproportionnées et loin de répondre à la réalité du mouvement de protestation pacifique mené par la population de Ghardaïa contre les descentes punitives, la hogra et les injustices que font subir les autorités administratives, policières et judiciaires aux militants des droits de l'homme, aux commerçants et aux citoyens de cette région ». Le collectif des avocats a également déploré la détention provisoire qui devrait être « une mesure exceptionnelle à laquelle on n'a recours que dans des cas extrêmes ». Selon Ben Issad, la situation des détenus est « en contradiction avec le discours politique officiel et les conventions internationales ratifiées par l'Algérie ». Fekhar-Edine, secrétaire national du FFS chargé du mouvement associatif, arrêté le 31 octobre 2004 à Alger, a entamé, en compagnie des autres détenus, une grève de la faim pour exiger l'accélération de l'instruction et la révision des chefs d'inculpation. Le collectif de la défense est loin d'être convaincu par la procédure de la détention provisoire de ses mandants qui sont, pour la plupart, des militants des droits de l'homme, des médecins, des enseignants, et ce, malgré les garanties données par leur famille. A cet effet, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a condamné le report du procès qui prolonge « indûment la détention et la souffrance des détenus ». En outre, les chefs d'inculpation retenus contre le premier secrétaire de la fédération du FFS à Ghardaïa, Fekhar-Edine, a fait naître des appréhensions chez les avocats. Le responsable du FFS est accusé « d'incendie volontaire, obstruction de la voie publique, attroupement, incitation à attroupement et coups et blessures volontaires avec armes blanches ». L'organisation de Ali Yahia Abdenour a, dans un communiqué signé le 26 février 2005, qualifié ces accusations de « graves et sans fondement ». Même inquiétude chez maître Ben Issad qui a souligné que les articles 408 et 396 bis du code pénal prévoient contre de telles accusations des peines de réclusion à perpétuité. C'est ce qui explique la grande mobilisation du FFS et de la LADDH lors de l'examen du procès le 27 février dernier qui a vu la présence du premier secrétaire national, Ali Laskri, le SN à la communication, Karim Tabou, ainsi que tous les anciens premiers secrétaires nationaux du FFS et des centaines d'élus d'APC et d'APW du parti. Le procès d'aujourd'hui n'est pas exempt de retombées politiques.