Au lendemain de l'indépendance, la nouvelle administration postale algérienne, sans aucune expérience, s'est retrouvée face à un grand défi. Elle avait pour principale mission de rétablir l'autorité du jeune Etat algérien sur les timbres poste. Une affaire de souveraineté nationale. Cela a débuté le 5 juillet 1962, avec la mise en vente de 5 timbres de France surchargés «EA» (Etat algérien) avec un tampon à main, en rayant au noir la mention de République française. Les 5 premières figurines apposées sur le courrier étaient La moissonneuse (timbre vert de 0,10 Franc) (le Dinar n'était pas encore né), La Marianne rouge de 0,25 F, Les Gorges de Kherrata (0,45 F), La grande mosquée de Tlemcen (0,50 F) et Les anciennes portes de Lodi de Médéa (1,00 F). Les mêmes timbres seront repris le 6/8/1962, avec une surcharge EA en procédé typographique. Le rendez-vous avec l'histoire ne tardera pas à venir, le 1/11/1962, à l'occasion du 8e anniversaire de la Révolution, avec l'émission de la première série à usage courant de l'Algérie indépendante (Gorges de Kherrata, Barrage Foum El Gherza, Grande mosquée de Tlemcen, Hassi Messaoud, Anciennes portes Lodi de Médéa). Une belle émission devenue emblématique, sortie de l'imprimerie des PTT de Paris, où apparaît pour la première fois en arabe et en français la mention «République algérienne». Des figurines réalisées par les dessinateurs Pitz, Camis, Combet, Munier et Pheulpin. Deux séries suivront le 7/1/1963, plus connues chez les philatélistes par celle des drapeaux. Une première intitulée «Gloire à la révolution» (drapeau et rameau d'olivier) à quatre valeurs, avec une valeur d'usage courant de 0,25 DA, tirée à plus de 50 millions d'exemplaires et la seconde sous le titre «Retour à la paix» (drapeau et colombe) à quatre valeurs. Depuis 1962 à nos jours, la Poste algérienne a émis une vingtaine de séries de timbres à usage courant, dont certaines ont marqué l'histoire philatélique en Algérie, pour avoir trop voyagé sur le courrier à l'intérieur et à l'extérieur. On retiendra celle devenue trop célèbre, émise à l'effigie de l'Emir Abdelkader, sur dessin de Mohamed Racim, et parue en six valeurs entre 1966 et 1969. Elle sera suivie par celle des fleurs (Opuntia, Œillet, Rose, Strelitzia Reginae) émise en 1970, et qui continue de ranimer les souvenirs chez les nostalgiques de la belle époque de la philatélie algérienne. Dans la même année, on se rappelle aussi de la série des mosquées (Tlemcen et Sidi Okba), réalisée par Bachir Yelles. Le même dessinateur mettra à jour le fameux et célèbre timbre de 0,40 DA, illustrant la mosquée Ketchaoua, tiré à plus de 86 millions d'exemplaires. Parmi les séries qui ont marqué les années 1970, on retiendra celle émise le 1/11/1975 pour célébrer les événements du 8 Mai 1945, réalisée par l'éminent calligraphe algérien Mohamed Cherifi, et parue en 6 valeurs. D'autres timbres ont également marqué leur présence, comme celui de «La poste d'El Kantara» de Bachir Yelles, et celui de «La sûreté nationale», du même dessinateur, ainsi que la fameuse figurine bleue «Le musée saharien de Ouargla» de Sid-Ahmed Bentounes, sans oublier la série des «Gorges d'El Kantara», le timbre de 0,60 DA émis en hommage à Houari Boumediène après son décès, et celui de Ben Badis. Dans les années 1980, c'est la série «Vues d'Algérie avant 1830» qui a volé la vedette. Emise en 13 valeurs entre 1982 et 1984, puis rééditée en 7 valeurs entre 1989 et 1992, elle demeure la plus tirée dans l'histoire philatélique de l'Algérie. Mise à part quelques séries ayant fait leur apparition dans les années 1990, à l'instar des «Sculptures sur plâtre de Sedrata» et l'émission de «La Poterie», un net recul a été remarqué pour des émissions qui faisaient le bonheur des collectionneurs de timbres oblitérés. Une situation qui s'explique par le peu d'intérêt affiché par la Poste pour cette catégorie, mais surtout par le coût élevé des affranchissements, qui ont poussé les gens à privilégier les moyens technologiques modernes, plus efficaces et moins chers.