De nouvelles forces politiques émergent actuellement en Europe et l'accueil qui leur réservé témoigne d'un besoin. Il ne s'agit pas, pour elles, de succéder à celles qui existent, mais d'aider celles-ci à disparaître comme en témoignent leurs premiers résultats électoraux. Un temps pour tout, aussi bien pour les idées que pour les formes de lutte. Rien que cela ! Et cela suscite l'intérêt des uns et l'appréhension des autres, comme si la politique était entourée d'un cercle que ne peuvent franchir que peu de personnes. A vrai dire, elles sont en train de chambouler le paysage politique, remettant même en cause le statu quo et le conformisme qui ont fini par éloigner le citoyen de la politique. Ou, à l'inverse, attirer des aventuriers comme le prouvent les nombreux scandales. La situation est telle, aujourd'hui, que ces mouvements sont pris très au sérieux. Et de ce point de vue, parler uniquement de la fin du statu quo est insuffisant, puisque de nouvelles forces se substituent à d'autres que l'on croyait intouchables et même plus, inamovibles, donc incontestées. Cela s'est vu en Espagne avec l'avènement du mouvement Podemos, déjà bien parti avec les élections législatives et locales et qui envisage cette fois de s'attaquer à la citadelle Union européenne (EU) coupable, selon ses dirigeants, d'imposer aux Etats membres une politique libérale impopulaire. Ce parti est devenu la deuxième force politique du pays, derrière le Parti populaire (PP), mais devant l'historique Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Egalement en Grèce où le parti Syriza d'Alexis Tsipras bénéficie encore et même fortement de la confiance des électeurs. Ce qui n'est pas rien en ces temps de crise, mais c'est justement ce contexte qui a propulsé ce parti sur le devant de la scène, aidé la classe politique dite traditionnelle jusqu'au Pasok (parti socialiste) à reculer et même fortement. Même tendance en Italie où, tout compte fait, le mouvement anti-parti cinq étoiles porterait bien son nom. Son parcours est tout simplement fulgurant depuis son lancement en 2009 par l'humoriste Beppe Grillo avec pour objectif d'en finir avec la classe politique traditionnelle. Cette réussite est liée à l'attente des Italiens qui le lui ont bien rendu en en faisant la deuxième force politique du pays et la première à Rome. Sa candidate a obtenu, dimanche dernier, un résultat historique en arrivant nettement en tête du premier tour des élections municipales à Rome. Elle affrontera le 19 juin Roberto Giachetti, candidat du Parti démocrate (PD, centre-gauche) soutenu par le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. Virginia Raggi, une avocate de 37 ans, a creusé l'écart dans la capitale italienne où les Romains, désabusés par des années d'immobilisme et de laisser-aller, lui ont accordé près de 36% de leurs voix. Le résultat dans la capitale est l'objet de toutes les attentions car le cas de Rome est particulièrement emblématique d'une certaine Italie empêtrée dans les «affaires», au point qu'elle est administrée depuis octobre dernier par un commissaire extraordinaire, nommé par le gouvernement, depuis la démission d'Ignazio Marino. Sa force consiste à profiter des faiblesses des autres et à compter sur l'honnêteté de ses membres. Sur le plan national, les mesures de son programme sont très variées : mise en place d'un revenu minimum, référendum pour sortir de l'euro, mesures strictes contre la corruption, réduction des salaires des hommes politiques. En 2014, ne manque-t-on pas de relever, Beppe Grillo avait réclamé un «tour de vis» sur les visas humanitaires. Certaines convenances ont été éliminées, des dirigeants sont plus proches de leurs électeurs. Le discours a changé. Tout cela pour faire la politique autrement. La tendance, est plutôt lente, mais elle est bien réelle.