Le Parti socialiste espagnol (PSOE) a refusé samedi de négocier, dans l'immédiat, la formation d'un gouvernement avec le parti de gauche radicale Podemos qu'il a accusé de chantage pour avoir imposé d'avance ses conditions. Dans un communiqué, le parti de Pedro Sanchez a critiqué, sans jamais le nommer, l'attitude du parti anti-austérité Podemos et de son dirigeant Pablo Iglesias. Ce dernier avait proposé vendredi, par surprise, la formation d'un gouvernement avec les socialistes et les écolo-communistes de Izquierda unida, en posant une série de conditions et en réclamant des ministères clés et la vice-présidence du gouvernement pour lui-même. Le PSOE a répondu que dans la situation actuelle, il n'allait pas entreprendre des négociations avec d'autres forces politiques pour essayer de trouver une alternative de gouvernement stable et encore moins quand elles sont proposées à travers le chantage et en faisant passer les intérêts partisans avant ceux des citoyens. Le PSOE écrit que pour construire un nouveau projet de pays, il faut prioritairement s'entendre sur des politiques et des idées concrètes et non sur des tactiques, des intérêts partisans ou des décisions imposées unilatéralement. Le parti de Pedro Sanchez a cependant répété qu'il allait maintenir le dialogue avec toutes les forces politiques pour évaluer la situation. Pedro Sanchez a ainsi fait savoir, samedi, sur Twitter qu'il avait parlé avec le dirigeant du petit parti libéral Ciudadanos, Albert Rivera, et qu'ils resteraient en contact dans les prochains jours. Le PSOE semble ainsi avoir pris en compte les réticences de certains de ses barons qui avaient jugé insultante ou humiliante la façon dont Iglesias avait fait son offre. Le PSOE, arrivé à la deuxième place des élections législatives avec 22% des voix, dit par ailleurs avec insistance qu'il revient d'abord au Parti populaire (PP, conservateur, premier avec 28%) de se risquer à proposer un candidat à la formation d'un gouvernement. Il a jugé inacceptable l'attitude du chef du gouvernement sortant, Mariano Rajoy (PP), qui a préféré vendredi passer son tour pour s'épargner un échec devant la chambre des députés. Rajoy a l'obligation constitutionnelle de présenter sa candidature à l'investiture ou d'y renoncer définitivement, il ne peut pas se maintenir dans l'attente pour des raisons de survie politique et personnelle, a plaidé le PSOE. Le quotidien de gauche El Pais a affirmé vendredi, dans un éditorial très offensif, qu'Iglesias ne faisait que tendre un piège en forme de gouvernement de coalition aux socialistes et que son offre n'était qu'un grossier bonbon empoisonné. L'analyste José Ignacio Torreblanca a également soutenu dans El Pais que l'objectif de Podemos n'était pas de gouverner avec le PSOE, comme au Portugal, mais de le détruire et de le remplacer, comme (le parti anti-austérité) Syriza l'a fait avec le Pasok (parti socialiste grec). Pour sa part, Rajoy a indiqué qu'il continuait de travailler à une alliance politique avec les socialistes et les centristes de Ciudadanos. Il souhaite ainsi constituer une majorité au Parlement où sa formation, le Parti populaire (PP), a perdu la majorité absolue. Après des entretiens avec le roi Felipe VI vendredi, le président du gouvernement sortant, qui tente depuis plusieurs semaines de constituer une nouvelle équipe après les élections indécises du 20 décembre, a renoncé à demander pour l'instant la confiance du Parlement. Les autres partis politiques ont annoncé qu'ils ne soutiendraient pas le gouvernement de Mariano Rajoy qui ne peut compter que sur le PP, première formation parlementaire mais ne disposant pas de la majorité absolue. Le chef du gouvernement a réaffirmé samedi qu'il pensait qu'une entente avec le Psoe (socialiste) et avec Ciudadanos lui semblait "l'option la plus raisonnable". "C'était déjà notre position et cela le reste", a-t-il commenté dans une déclaration à la télévision après un meeting de son parti à Cordoue.