Le candidat au poste de maire de la capitale du parti au pouvoir a été battu haut la main par une jeune femme du Mouvement 5 étoiles, Virginia Raggi, qui a mené sa campagne électorale en promettant de s'attaquer aux lourds problèmes de la capitale et d'améliorer le quotidien pénible des Romains. Avec un score net de 67,15% des voix contre les 32,8% de son adversaire Roberto Giachetti, cette avocate de 38 ans, mère d'un enfant de 7 ans, sait qu'elle va devoir affronter une mission titanesque. Première femme et la plus jeune à occuper le fauteuil de maire du Capitole, Mme Raggi n'ignore pas que son mandat ne sera pas de tout repos, car il faudra qu'elle neutralise les réseaux des organisations mafieuses qui ont géré pendant des décennies les affaires de la capitale grâce aux complicités au sein même de la municipalité romaine. Tout ceci a eu des conséquences désastreuses sur la ville de près de trois millions d'habitants qui ploie sous les dettes, ayant des transports publics qui fonctionnent très mal, un secteur de la santé qui tourne avec un budget très réduit, un manque de services au citoyen obligé en outre de s'acquitter de taxes très élevées par rapport aux autres régions d'Italie... Autre ville qui croule sous les problèmes, Naples a choisi de renouveler sa confiance à son maire sortant avec 66,8% des voix. Luigi De Magistris, ancien magistrat, du Mouvement Orange d'extrême-gauche, bat le candidat présenté par Renzi et décroche un second mandat. Une autre jeune femme du Mouvement 5 étoiles, Chiara Appendino, 31 ans, renvoie chez lui le maire sortant de Turin, Piero Fassino, du PD. Pour gouverner leurs villes et villages, les Italiens ont opté pour le changement et la rupture avec les partis traditionnels. Le Mouvement 5 étoiles du comique Beppe Grillo, ainsi que des partis de la gauche radicale ont réalisé un excellent résultat et renvoyé chez eux des maires du Parti démocrate, grand perdant du dernier vote administratif. Et même s'il refuse de l'admettre en usant de rhétorique, comme il sait très bien le faire, Matteo Renzi n'ignore pas que sa politique faite d'effets d'annonce et de démagogie ne fait plus recette. Renzi a eu beau mettre en garde contre la candidate du parti ennemi, à Rome, en projetant le spectre d'une politicienne trop «traditionnaliste», car elle s'oppose aux mariages entre homosexuels et à l'adoption d'enfants par ces couples, et n'est pas favorable à la candidature de Rome aux Jeux olympiques de 2024, les Romains ont préféré l'inexpérimentée Virginia au poulain du Premier ministre. Le leader du Parti démocrate et président du Conseil italien a-t-il épuisé toutes ses stratégies de séduction envers ses concitoyens ou ce sont ces derniers qui ne croient plus en ses promesses ? Matteo Renzi connaîtra la réponse à cette question lors du référendum sur la révision de la Constitution italienne qui se tiendra en octobre prochain, et que le Premier ministre voudrait comme une espèce de plébiscite, lui qui est arrivé au pouvoir, sans un vote, mais nommé par le précédent président de la République, Giorgio Napolitano, suite à la démission (voulue par Renzi) d'Enrico Letta, son camarade de parti. L'ancien maire de Florence, 41 ans, voudrait gouverner jusqu'en 2023, en se présentant aux élections de 2018. «Ce sera mon dernier mandat», promet-il aux Italiens.