– Athmane Mazouz. Responsable de l'information au RCD Il fallait légiférer contre l'instrumentalisation de l'armée ! Le projet de loi complétant l'ordonnance n° 76-112 du 9 décembre 1976, portant statut général des officiers de réserve et qui astreint le militaire de carrière admis à cesser son activité au sein de l'armée à un devoir de retenue et de réserve est une réplique induite par les luttes claniques qui tiennent lieu de mode de gestion des affaires de l'Etat. L'exacerbation de ces luttes et la course à la succession font que ceux qui détiennent les rênes veulent imposer leur diktat à la nation. Il est parfaitement admis que l'obligation de réserve soit comprise pour tout ce qui touche aux secrets militaires liés à la défense nationale, mais que l'on impose le silence sur d'autres aspects, une fois à la retraite, est parfaitement inimaginable. Cette mesure aurait dû être appliquée, en premier lieu, au général Gaïd Salah pour qu'il ne s'immisce pas dans les questions politiques lorsqu'il a engagé toute une armée dans des luttes claniques et des positionnements partisans en s'attaquant à l'opposition et en faisant de la politique sur le dos d'une institution névralgique. Tout le monde se souvient des félicitations-allégeance du chef d'état-major à un parti politique, signant ainsi une prise de position dans des conflits partisans en assumant une dérive visant à aspirer l'armée dans des aventures aux conséquences fâcheuses. Si l'on veut préserver et veiller à l'unité de cette institution républicaine, il faut bannir et punir ces agissements irresponsables. Pour le RCD, le meilleur service à rendre aux Algériens, c'est de lutter et de légiférer contre l'immixtion et l'instrumentalisation de l'armée à des fins de prise de pouvoir et de pression sur des positionnements claniques. – Ramdane Taazibt (PT) C'est une mesure anticonstitutionnelle C'est une mesure anticonstitutionnelle dès lors que la Constitution interdit toute discrimination entre les citoyens. Cette catégorie de personnes sera privée donc de sa citoyenneté et ils sont très nombreux car cette disposition ne touche pas seulement les généraux, mais aussi les officiers de réserve. Ce projet s'inscrit dans le cadre des nombreux projets liberticides et, à notre sens, il y a une volonté politique de museler toute la société. Nous n'arrivons pas à comprendre un texte de cette nature d'autant plus que la nation a besoin de toutes ses compétences. Nous avons assisté à des journées parlementaires où des généraux et des gradés de l'armée participaient et donnaient des points de vue importants. Donc dorénavant, ils n'auront plus droit à la parole. Nous sommes certes pour le droit de réserve. Les militaires connaissent leurs limites, ils ne leur viendrait pas à l'esprit de divulguer les secrets d'Etat ! Et pour l'histoire, tous les Présidents que notre pays a connu sont issus soit de l'ALN ou de l'ANP. Ce projet est une punition collective ; au lieu de réduire au silence les généraux, il fallait opter pour une véritable réforme de l'armée qui commence par interdire à ce corps son implication dans la politique et ne plus donner des consignes de vote à l'armée. – Chihab Seddik (RND) L'armée doit être à l'abri des batailles politiciennes Cette disposition ne vise nullement à réduire au silence les militaires, bien au contraire. L'objectif est de mettre à l'abri cette institution très respectée par les Algériens de par le rôle qu'elle a joué pour la libération durant la guerre de libération et pour faire face à la horde terroriste pendant la décennie noire. D'ailleurs cette disposition n'est pas nouvelle puisqu'elle est contenue dans le statut général de l'armée promulgué en 2010 et dans le statut de réservistes de 1966. Cet avant-projet vient consolider les anciennes mesures dans le but de mettre à l'abri cette institution et éviter son implication dans des batailles politiciennes ou autre considération qui n'a rien à avoir avec sa mission principale. D'aucuns n'ignorent pas que dans tous les pays du monde, l'armée est régie par un code de conduite ; cette disposition vient en appui à ce code pour préserver l'armée d'un éventuel jeu malveillant. – Soufiane Djilali. Président de Jil Jadid L'objectif est de museler la liberté d'expression Il n'y a pas de doute que l'armée semble dans le collimateur du pouvoir. Les militaires de carrière admis à cesser leur activité au sein de l'armée connaissent beaucoup de choses et ont des détails sur plusieurs dossiers, d'où la nécessité de les empêcher de parler. Ce n'est pas l'image de l'armée qui est remise en cause et ce n'est pas non plus une remise en cause de la sécurité nationale. Si ces officiers ont atteint un grade de général, c'est parce qu'ils ont le sens de la responsabilité et il est difficile de croire qu'une fois à la retraite, ils vont trahir leur pays et divulguer des secrets d'Etat. En ce qui nous concerne, nous pensons qu'il s'agit là d'un énième coup de force et d'une tentative de faire taire tout opposant au régime actuel. Si les généraux sont bâillonnés, les civils le sont également. En fait, ce nouveau texte est un message pour toute la société et il vise à museler la liberté d'expression et toutes les voix qui apportent une contradiction au pouvoir.