Le gel des départs à la retraite anticipée, avant même l'amendement des textes régissant le système des retraites, a été dénoncé, hier, par les syndicats représentant le secteur principalement touché par ce phénomène. «Geler en attendant d'amender, on vient là de toucher à un des seuls acquis du secteur, au mépris des textes et de la loi», dénonce Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest). Les conditions de travail difficiles de l'éducation, conjuguées aux différentes maladies professionnelles non reconnues, font que l'enseignant ne peut travailler normalement jusqu'à 60 ans. «Les conditions actuelles ne s'y prêtent pas. C'est de la folie que de revenir sur un acquis», fulmine M. Meriane. Le Snapest «rejette catégoriquement la suppression de la retraite anticipée, qualifiée de provocation et d'exploitation d'une large catégorie de travailleurs». Le Snapest, qui dénonce «l'improvisation» qui caractérise l'approche gouvernementale, appelle tous les travailleurs à la mobilisation contre cette démarche qui touche à des acquis. Le syndicat réitère son engagement et sa mobilisation pour toute initiative «dans le cadre d'un front commun avec les représentants des autres secteurs, quitte à sacrifier nos vacances pour faire échouer le projet d'amendement du texte en question», lit-on dans un communiqué de ce syndicat. Un front contre la retraite à 60 ans mobilisera pour «une protestation pire que celle contre le premier statut général de la Fonction publique», selon le même syndicaliste. Le conseil exécutif de la Confédération générale autonome des travailleurs algériens (CGATA), dont le Snapap est membre, constate que l'offensive contre les acquis des travailleuses et travailleurs continue. «La CGATA considère que même les syndicats corporatistes sont frappés de plein fouet avec la décision prise lors de la 19e session de la tripartite, il n'est plus permis à aucune organisation syndicale de se retrancher derrière des revendications corporatistes. Nous devons nous concerter sur cette question et construire une unité d'action, au moins par rapport à cette revendication, car cette régression ne fait que commencer, elle se déploiera avec l'avènement du prochain code du travail», prévient le syndicat, dont l'enregistrement est refusé «illégalement», note un communiqué de cette Confédération. «De plus, cette décision implique que la réflexion et les décisions nécessaires pour appuyer et soutenir le système de retraite par répartition sont mises à mal, car seul le recrutement massif de travailleurs et de travailleuses peut lui assurer la pérennité. Nous en sommes loin vu que la seule décision prise consiste à retenir ceux et celles qui devaient sortir sans donner une importance à la question de l'emploi», constate la CGATA. La Confédération appelle à «une réunion de toutes les organisations syndicales autonomes ainsi que les sections de l'UGTA qui ne veulent plus se taire». Car, précise le syndicat, «l'enjeu est important et nous devons trouver sur cette question la volonté et le courage nécessaires pour construire un front syndical contre l'offensive qui touche les travailleurs et les travailleuses de tous les secteurs, Fonction publique et secteurs économiques privé ou public confondus». L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), rappelant que certains secteurs seront plus durement touchés que d'autres par cette mesure, appelle les syndicalistes à se constituer en un seul bloc pour protéger cet acquis, car «travailler jusqu'à 60 ans et au-delà des 25 et 33 années d'exercice requis doit être un choix». L'Unpef prévient des retombées que pourrait engendrer l'amendement du système des retraites sans débat ouvert avec tous les représentants des travailleurs. Le syndicat déduit que la rentrée «sera houleuse» pour contrecarrer la démarche du gouvernement.