Peu après l'Iftar, l'accès aux réseaux sociaux était impossible en Algérie. La connexion internet (ADSL) et la téléphonie mobile de troisième génération (3G) connaissent le même sort puisque la connexion est très lente. Certains sites étaient inaccessibles pour les internautes, alors que pour d'autres l'accès était lent et difficile. Contactée par El Watan, l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) n'a pas jugé utile de s'exprimer ni de faire le moindre commentaire. Une source du ministère de la Poste et des Technologies de l'Information et de la Communication, citée par l'APS, souligne que cette mesure a été prise «pour protéger les candidats du baccalauréat d'éventuelles fuites de sujets à travers ces réseaux», ajoutant qu'«internet fonctionne normalement et que seuls les réseaux sociaux sont coupés». Younès Grar : «Les décideurs sont sur une autre planète» La décision de suspendre les réseaux sociaux n'est pas sans conséquences, selon Younes Grar, un observateur de l'évolution des TIC en Algérie. Contacté, il affirme ceci : «Je pense que les fuites peuvent arriver dans plusieurs pays pour les déstabiliser, mais la décision prise est-elle réfléchie et légale ? Il y a eu cafouillage. Ce n'est pas la première coupure que connaît le pays, mais cette fois-ci, pour la première fois, elle a été volontaire. C'est grave, puisqu'elle a poussé les Algériens à utiliser des plateformes étrangères qui ont récupéré plusieurs données et pose ainsi un problème de sécurité.» En effet, plusieurs internautes ont eu recours au VPN (virtual private network) : il suffit d'installer un petit logiciel sur l'ordinateur qui permet de surfer sur le web. «Pour 555 000 candidats, plus de 20 millions d'internautes ont été sanctionnés», poursuit Younès Grar, pour qui les conséquences sont énormes : «Les premières victimes sont les abonnés qui ne vont pas être remboursés, en plus des pertes financières des opérateurs de téléphonie mobile et d'Algérie Télécom. Il y a des entreprises qui travaillent avec internet, plusieurs industries en ont besoin car le mail est un outil de production, certaines reçoivent même des bons de commande par ce biais. Cette solution classique et radicale va gêner l'économie du pays.» Mais au-delà de ces désagréments, cette affaire démontre, selon l'expert, que «les Algériens se sont approprié rapidement les technologies, ils connaissent Twitter, Instagram, YouTube, alors que nos décideurs sont sur une autre planète, ils continuent à réfléchir comme dans les années 1970. Pourquoi ne pas envoyer les sujets à chaque wilaya à travers internet de manière cryptée ? C'est une bataille illégale entre les jeunes accros aux technologies et qui suivent les évolutions de manière permanente et les décideurs qui ne connaissent pas les TIC et, plus grave, sous-estiment leurs capacités». Dans cette affaire, il est pour le moins surprenant qu'aucun officiel ne se soit exprimé, alors qu'un simple communiqué de presse précisant avec clarté la nature et les objectifs de la coupure aurait largement suffi pour dissiper les malentendus. Même Imane-Houda Feraoun, ministre de la Poste et des Technologies de l'Information et de la communication, semble vouloir éluder la question liée au verrouillage de l'accès aux réseaux sociaux pendant les épreuves du bac.