L'inauguration officielle de la première édition du Festival international des arts de l'Ahaggar (Tin Hinan-Abalessa) a eu lieu hier à Tamanrasset Tamanrasset De notre envoyé spécial Un événement marqué par la présence de Messaoud Djari, wali de Tamanrasset, Mourad Betrouni, représentant du ministère de la Culture, et Farid Ighil Ahriz, commissaire du festival. Durant la matinée d'hier, Ali Sayad, chercheur au Cnprh, est revenu largement et avec force détails sur « l'énigme » que constitue la reine des Touareg, Tin Hinan. Intitulée « Histoire et histoires », la conférence a été l'occasion de revisiter l'épopée de cette femme, vénérée des populations locales. « Il y a plusieurs entrées pour aborder Tin Hinan, son mausolée et l'inventaire du mobilier funéraire découvert dans le tombeau », estime-t-il, en rappelant qu'un nombre important d'interrogations continue d'alimenter la part du mythe et de la réalité entourant cette femme symbole. Le chercheur du Cnprh a évoqué de prime abord le mythe fondateur de cette reine berbère colporté par ceux qui se réclament d'elle, à savoir les Touareg nobles de Kel Ghila. Par la suite, M. Sayad a abordé la légende romancée des guides touristiques qui inspirent depuis Platon de nombreux récits légendaires, dont l'œuvre de fiction de Pierre Benoit, L'Atlantide, où se mêlent, avec Antinéa, l'héroïne, l'exotisme à une intrigue mouvementée. Selon lui, il subsiste aussi l'illusion donnée par le « découvreur », l'Américain d'origine polonaise, Byron Kuhn, qui se faisait appeler comte de Prorork. Un peu plus loin, le conférencier a rappelé le travail important effectué par des archéologues étrangers sur les sites de fouilles archéologiques. En dernier lieu, M. Sayad a évoqué les chroniques arabes rapportées par le penseur et philosophe Ibn Kaldoun, dans lesquelles les tribus et dynasties berbères attribuent à Tiski la maternité de Howar, ancêtre de Howara qui donnèrent leur nom au Hoggar. En conclusion, M. Sayad dira qu'une analyse des éléments de l'Histoire et d'histoires s'avère possible pour une meilleure connaissance de Tin Hinan, femme qui eut suffisamment d'influence et d'affluence pour que la mémoire targuie ait pu garder son souvenir. Le chercheur du Cnprh a rappelé que le squelette de Tin Hinan, qui se trouve au musée du Bardo, à Alger, a été barbouillé de « goudron » durant les années 1960 à la faculté de médecine d'Alger, d'où la difficulté de le soumettre à des tests ADN. Interrogé sur l'abandon du tombeau de Tin Hinan, se trouvant dans la région de Abalessa, à 120 km du chef-lieu de la wilaya, Farid Ighil Ahriz, directeur général de l'Office national du parc de l'Ahaggar, s'est défendu de cet allégation, en estimant que le site bénéficie de la bienveillance des autorités locales. « Il y a eu différents aménagements et améliorations. Le site de Tin Hinan se porte bien et nos agents assurent leur travail convenablement », conclut-il. A noter que la conférence que devait animer Abdenbi Zendri, enseignant à l'université de Tamanrasset, sur « Le rôle de la femme dans la préservation du patrimoine culturel », n'a pas eu lieu en raison de l'absence du conférencier.