Dépassement en toute circonstance, à gauche comme à droite, non-respect des feux tricolores, chevauchement entre véhicules, appui excessif sur l'accélérateur….Et la liste des «bons» réflexes des chauffeurs de bus à Blida de transport en commun ne s'arrêtent pas là. Souvent «bourrés» de voyageurs, ces bus, dont certains sont dans un état avancé d'usure, roulent à vive allure et ne se soucient guère du respect des normes de bonne conduite, mettant leurs usagers en danger permanent. Aucune ligne de transport urbain n'est épargnée par ces agissements malveillants, au grand dam de milliers de citoyens, qui n'ont pas d'autre alternative que de les emprunter. Ces derniers montent à bord, mais sans être certains d'arriver «sains» et «saufs» à leur destination. Les petites distances entre les arrêts et l'absence de mesures dissuasives contre ces chauffards en sont les principaux facteurs. Mais aussi, l'avidité des chauffeurs et receveurs, qui sont prêts à tout pour gagner quelques sous supplémentaires à ce qui est exigé, au préalable, par les propriétaires des bus. A titre d'exemple, entre Bab Dzaïr et Ouled Yaïch, sur une distance de moins de cinq kilomètres, pas moins de douze arrêts sont observés par de nombreux bus assurant cette desserte. C'est dire que la concurrence est rude, poussant les conducteurs à faire preuve de «génie» en termes de violation flagrante des règles de la circulation routière et de l'insouciance vis-à-vis de la sécurité des voyageurs. Au point de départ, déjà, plusieurs bus ouvrent leurs portes et les receveurs «quémandent» les passants à monter à bord, avec comme garantie et offre de service la promesse d'arriver vite à leur destination. C'est évidemment leur seul et unique atout à faire valoir pour attirer des clients. En ces lieux mêmes, des querelles entre les receveurs sont légion et ils en arrivent parfois aux mains, car chacun tient à remplir son bus le premier et à quitter les lieux. La pression et la précipitation, conjuguées à cette avidité maladive à tirer le maximum de bénéfice en fin de journée, ont installé, du reste, un climat tendu dans ces moyens de transport. «J'ai constaté que la tension dans les bus est assez particulière à Blida, beaucoup plus intense que celle régnant dans les autres régions du pays que j'ai visitées. Au début, j'étais étonné de voir ces receveurs et chauffeurs pressés au point que l'on croit qu'ils font objet d'une poursuite quelconque !», s'étonne Rachid, la quarantaine, qui effectue son premier déplacement dans la ville des Roses pour y effectuer des démarches administratives. Ce natif de Mostaganem se dit même «effrayé» par ces réflexes «inhumains» des chauffeurs, qui piétinent le code de la route sans crainte aucune. «D'ailleurs, j'ai failli me bagarrer avec le receveur au niveau de Khazrouna, car ce dernier a évité un accident de justesse, lorsqu'il a dépassé un semi-remorque, alors qu'une femme âgée traversait la chaussée», ajoute-t-il étonné. Surpris, étonné, effrayé…., tous les mauvais adjectifs sont à admettre chez les citoyens qui mettent pour la première fois les pieds à Blida. Mais pour les riverains, il semble que ces outrages flagrants des normes d'une conduite saine sont incrustés dans les mœurs. Insatisfaits mais passifs Interrogés sur leur mauvaise conduite, certains conducteurs de bus affirment le contraire et disent «rouler dans les normes», pour reprendre l'expression utilisée presque à l'unanimité. «Si nous empiétions les lois ou les normes de sécurité routière, croyez-vous que les voyageurs se taisent ? Hormis quelques personnes âgées qui rouspètent parfois, de crainte d'accidents, la majeure partie des voyageurs se sentent à l'aise. Au contraire, c'est eux qui nous poussent parfois à rouler plus vite pour qu'ils arrivent à temps à leurs destination», expliquent ces chauffeurs. Il est vrai que la passivité des voyageurs a donné des ailes aux chauffards, qui redoublent d'ingéniosité et d'efforts en termes de prise de risques. Les voyageurs ne se plaignent de rien. Même les mécontents préfèrent plutôt prendre leur mal en patience. Pourtant, plusieurs accidents ont été enregistrés ces derniers mois à cause de la «folie» des chauffeurs de bus. Les services de sécurité tentent, tant bien que mal, de juguler ce fléau à la peau dure. Les contrevenants font part d'une conduite idéale devant les barrages fixes de la police, mais dès qu'ils dépassent ces points de contrôle, ils deviennent des ennemis de la loi et de la sécurité des voyageurs. Cette «intelligence» a, en effet, rendu difficile son éradication. Un service de piètre qualité A l'image de ce qui est courant dans la plupart des villes du pays, le transport en commun des voyageurs à Blida offre un service loin des normes requises. Saleté des bus et usure d'un grand nombre d'entre eux, non-respect des horaires de départ et dépassements verbaux de certains chauffeurs et receveurs irrespectueux vis-à-vis des usagers, bien que les prestataires de services déploient de gros efforts pour bien faire fructifier leur activité. Un bus fait pour une trentaine de voyageurs ne quitte son arrêt qu'après avoir fait le «gros plein», c'est à dire jusqu'à ce que les voyageurs se collent l'un à l'autre ! «Nous sommes obligés d'agir ainsi, nous sommes des travailleurs et il est tout à fait légitime qu'on cherche à gagner beaucoup d'argent. Si le propriétaire du bus exige une recette de 10 000 DA en fin de journée, pour me donner une salaire de 20 000 dinars le mois, je dois tout faire pour gagner au moins 2 000 dinars supplémentaires par jour», avoue un receveur de bus assurant la navette entre la cité du 13 Mai et Ouled Yaïch. Il faut dire, en outre, que la passivité des services du contrôle de la direction des transports a laissé la voie grande ouverte à la «voracité» de ces transporteurs. Le tramway, un rêve impossible ? Longtemps attendu par les habitants du Grand Blida et dont l'annonce a été accueillie comme une éventuelle bouffée d'oxygène, le projet du tramway est, visiblement, tombé à l'eau. Lancé en étude fin 2012 et ayant fait l'objet de plusieurs réunions d'étude et de concertation, lorsque Amar Ghoul, actuellement sénateur du tiers présidentiel, était ministre des Transports, le tramway de Blida a, en effet, disparu des discours officiels depuis plus de deux années. La chute des prix du pétrole et la baisse conséquente de la rente a mis de côté ce projet jugé «peu important» par les autorités. Pourtant, son tracé a été validé en 2013, et il devait assurer la desserte entre Soumaâ et Joinville (Zabana), sur une distance de 13 km. Si ce projet était réalisé, il aurait réellement soulagé le transport des voyageurs et évité aux habitants les conditions inhumaines des déplacements dans les bus et les interminables bouchons tout au long de la journée. Mais le marché international en a voulu autrement…..