Avatars Prises de bec acerbes, querelles et invectives entre «chauffeurs» et passagers, tel est le lot quotidien des usagers des transports à Oran, pour la plupart des travailleurs, des lycéens... Les qualificatifs ne manquent pas pour désigner les exploitants singulièrement connus pour les désagréments qu?ils causent à leurs clients. Les «chauffeurs de la mort» ne s?embarrassent guère de scrupules. Plusieurs enfants ont été écrasés par ces conducteurs inexpérimentés et très jeunes, souvent sous l?emprise de psychotropes ou d?alcool. Des passagers ont été tabassés et jetés en rase campagne pour avoir «revendiqué» un peu de tenue. Le dernier accident, en août dernier, a coûté la vie à trois petits cousins sagement assis sur le seuil de leur maison. Ils seront fauchés par un Karsan conduit par un «chauffard» sous l?emprise de drogue. Certains citoyens, poussés à bout, s?en sont pris à ces véhicules en leur jetant des pierres, menaçant de s?en prendre aux édifices publics afin d?exiger la fin de l?anarchie de ces «chauffards» semeurs de mort. Depuis le début de l?année, on a recensé 13 décès d?enfants causés par les «chauffards» de taxis collectifs assurant la liaison entre Oran et sa périphérie Est et vice-versa. On a assisté à des «engueulades» en règle vociférées par des «receveurs» à l?endroit d?usagers qui réclamaient un peu de décence. Le plus souvent, conducteurs et receveurs «embarquent» des filles aux m?urs légères en compagnie des voyageurs. Et bonjour les chansons paillardes et les plaisanteries lascives, tout cela sous le regard impuissant des voyageurs. Sur l?actuelle aire de «stationnement» de l?Usto, c?est littéralement la pagaille. «Outre l?insécurité et les vols dont nous sommes quotidiennement victimes, nous sommes également confrontés à l?épineux problème lié à l?inexistence d?une réelle politique en matière de transport suburbain. Nous sommes les otages de certains voyous qui contrôlent les lignes suburbaines. On ne traite pas ainsi les gens», se plaignent des citoyens courroucés. L?élaboration d?un plan de transport dit «souple» n?a fait que compliquer les choses en raison de l?inobservation des critères de délivrance des agréments d?exploitation des lignes de transport, en particulier celle ralliant la périphérie Est. «A-t-on idée de délivrer des agréments à des voyous et à des drogués sans enquête de moralité préalable tout en parquant des êtres humains dans des fourgonnettes Karsan, à l?ère du téléphone mobile et d?internet ?», s?interroge cet enseignant, un habitué du transport urbain. Pour la direction des transports, il s?agit surtout d?assurer le transfert d?une partie du nombre considérable de voyageurs à destination de la périphérie-Est, notamment. Dans ce contexte, plusieurs raisons ont été avancées par les usagers, qui souhaitent immédiatement le retour à l?ancien itinéraire Haï Bendaoud-Palais des Expositions, au lieu de l?actuelle aire de stationnement de l?Usto ainsi que la suppression immédiate des Karsan et leur remplacement par des bus répondant aux normes de transport public. Réagissant aux nombreuses doléances des citoyens, les comités de quartier de la périphérie Est ont souligné l?urgence de «briser le silence sur les accidents dont sont victimes les enfants et la nécessité de revoir l?organisation du transport et des transporteurs dans cette bourgade de 50 000 habitants». «Le laxisme des services concernés est en train de raviver la frustration et le désespoir et conduit toute la bourgade vers une spirale de soulèvement», prédit un vieux monsieur.