Après une dizaine de jours passés à la belle étoile sur une place située à proximité de l'arrêt de bus de Tamanrasset, les migrants qui avaient fui, récemment, le quartier Gataa El Oued suite à de violents affrontements avec des riverains, sont soulagés. Ils ont été transférés vendredi vers un camp installé dans l'urgence à environ trois kilomètres au sud de la ville de Tam, sur la route menant vers In Guezzam. Le terrain a été désigné par une commission de wilaya, spécialement mise en place pour trouver une solution transitoire aux migrants, consistant à les installer provisoirement dans un lieu plus sécurisé. Le comité de sécurité de la wilaya, pour sa part, s'est réuni mercredi passé avec le wali et «les intervenants ont évoqué la situation dans laquelle étaient les ressortissants issus de 16 nationalités différentes et l'urgence de les délocaliser», nous confie une source proche de cette commission. Les agents de la Protection civile ont travaillé d'arrache-pied durant toute la journée de jeudi pour planter une cinquantaine de tentes et mettre en place un groupe électrogène et des projecteurs pour éclairer les lieux. Un camion-citerne a été aussi mis à disposition pour l'alimentation du camp en eau potable. Pendant la journée de jeudi, marquée par des vents de sable et des averses, les migrants ont tenté de se réfugier dans un bâtiment en cours de construction appartenant à une institution sécuritaire, mais les agents de la police les ont obligés à vider les lieux. Depuis la soirée de vendredi, le Croissant-Rouge algérien (CRA) leur sert 900 repas chauds deux fois par jour. «La wilaya nous a approvisionnés en produits alimentaires nécessaires pour préparer ces repas que nous distribuons deux fois par jour avec l'aide de nos bénévoles», explique Moulay Chikh, président de l'antenne du Croissant-Rouge à Tamanrasset. La complexe opération de rapatriement Par ailleurs, le rapatriement des 494 ressortissants maliens, qui avait été annoncé pour jeudi dernier, a été retardé pour cause de changement d'itinéraire. Désormais, les migrants ne vont pas prendre l'itinéraire tracé initialement, soit Tamanrasset-Niger-Mali. «Le ministère des Affaires étrangères malien a préféré que nos compatriotes soient reconduits par le Niger et le Burkina-Faso pour des raisons de sécurité. Sur le premier tracé, il y a un parcours de 500 kilomètres qui n'est pas sûr», nous confie une source de la représentation diplomatique du Mali à Alger. Pour que l'opération soit lancée, «le consulat malien attend toujours les autorisations des deux pays permettant de traverser leurs territoires avant de rejoindre le Mali», ajoute la même source. Pour leur part, les représentants du Sénégal, de Guinée et du Bénin, qui avaient fait le déplacement à Tamanrasset la semaine dernière dans le but d'établir un constat de la situation, «ont dressé une liste des personnes qui veulent rentrer chez elles», nous confie une source sécuritaire sur place. Et de préciser que «les 60 Sénégalais qui se trouvent à Tamanrasset et 20 Guinéens seront rapatriés chez eux par avion dans les prochains jours». En attendant la concrétisation de ces opérations de rapatriement, les migrants continuent à travailler normalement dans la ville de Tamanrasset, même si, pour rejoindre la ville depuis le nouveau camp dans lequel ils se trouvent, ils doivent désormais passer par au moins deux barrages de la gendarmerie et de la police. «Nous n'avons pas reçu d'instruction pour leur interdire l'accès de la ville, ils viennent le matin pour travailler et repartent au camp le soir», précise notre source. Les cinq personnes arrêtées le 10 juillet, à la veille des émeutes, «sont passées devant le juge jeudi. Elles ont écopé de trois ans de prison ferme chacune pour les chefs d'inculpation de ‘‘vol de biens d'autrui'' et ‘‘agression volontaire''», a ajouté notre source.