La situation s'explique en partie par le fait que la villa, construite dans le hafs, est à l'abri des regards. La villa d'été du dey Hussein, située dans le quartier du même nom, se trouve à l'abandon. « Les murs et les plafonds de l'édifice se sont effondrés. On ne distingue plus ses différents compartiments. Le patio et la sqifa, envahis par les herbes, ne sont que des espaces quelconques. Même les motifs exceptionnels qui nous renseignent sur le génie des artisans de cette période se sont dégradés, perdus à tout jamais », relève Elias Soltan, diplômé frais émoulu de l'Ecole des beaux-arts, lors d'une conférence aux Glycines à Hydra, sous l'intitulé, « La villa d'été du dey Hussein, un espace de découverte pour les jeunes ». Selon le designer, cette situation s'explique en partie par le fait que la villa, construite dans le hafs (partie extra-muros de la villa turque), est à l'abri des regards : elle se trouve dans la cour du lycée Thaâlibiya. « D'autres édifices situés à La Casbah ou sur des routes ont été mieux protégés. Des travaux de restauration ont été engagés pourtant dans cette villa, mais furent vite abandonnés. Les employés de l'entreprise ont fait grève et l'entreprise a vite quitté les lieux où sont encore visibles les poutres et les étaiements utilisés pour conforter l'habitation mauresque », regrette Soltan. Le Palais d'été du dey Hussein, construit en 1821 sur un terrain acquis en 1815, sera occupé par le général Lamoricière avant de devenir l'entrepôt central des tabacs, et au lendemain de l'Indépendance, l'école de police. Décision a été prise plus tard de changer de vocation aux lieux : les deux bâtiments de l'école accueillent deux lycées (Thaâlibya I et II.) La nécessité pour chaque lycée d'avoir sa cour a amené les responsables à séparer l'espace commun en érigeant des grillages à l'intérieur desquels s'est retrouvé, pour son plus grand malheur, l'édifice. « Les responsables de l'époque affirment la main sur le cœur que le grillage avait pour but de protéger l'endroit. La villa s'est dégradée, et pas seulement du fait de la nature, mais aussi des lycéens, car des tags et autres écrits sont partout visibles sur les parois du palais qui n'en est plus un », assure Soltane, lui-même ancien élève du lycée Thaâlibiya. Le designer qui sollicite l'intervention de la ministre de la Culture s'est proposé dans son mémoire de fin d'étude consacrée à la villa de « restaurer » l'espace. L'approche adoptée fut d'aménager des espaces de l'édifice au profit des étudiants. « La villa peut servir d'annexe aux deux lycées. Une médiathèque ne serait pas de trop, j'ai voulu par mon travail donner au patrimoine une fonction plus actuelle », soutient en substance Soltane, en n'excluant pas d'« insérer » ce palais, en retrait de la ville, dans un probable circuit touristique .