«J'attends de toute l'armée syrienne qu'elle se retire complètement du Liban avant la tenue d'élections parlementaires libanaises.» Le tête-à-tête Bachar Al Assad-Kofi Annan, qui s'est tenu mardi dernier en soirée, en marge du Sommet de la Ligue arabe, a permis de confirmer le désamorçage du problème syro-libanais. Les deux hommes ont en effet, évoqué cette question lors de leur entretien et le secrétaire général de l'ONU a révélé à la presse, à l'issue la rencontre, qu'il a obtenu l'assurance, de la bouche même de Bachar Al-Assad, du retrait de toutes les troupes syriennes ainsi que de ses agents de renseignement du Liban. Le président syrien s'est donc officiellement engagé à appliquer la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui appelle Damas à retirer intégralement ses troupes et ses services du Liban. Le retrait, qui a d'ailleurs commencé concernant quelque 5000 soldats, se poursuivra donc selon «un calendrier en concertation avec les autorités libanaises», a précisé Kofi Annan, qui a fortement insisté sur le fait que la Syrie «retirera l'ensemble de ses troupes du territoire libanais. Non seulement les troupes mais aussi les services de renseignement ainsi que tous les équipements logistiques et matériels». Cet accord clot donc définitivement le dossier de la présence militaire syrienne au Liban et donne sa première véritable victoire à l'opposition libanaise qui, rappelons-le, a adressé un mémorandum au Sommet arabe d'Alger. Dans ce document, la Syrie est vertement critiquée pour son rôle dans la crise que traverse le pays du Cèdre. «Damas assume la responsabilité de la crise endémique entre la Syrie et le Liban (...), la seule issue réside dans le retrait total des troupes et des services de renseignement syriens du Liban avant la tenue des élections législatives (mai)», lit-on dans le texte. Ainsi la Syrie perd sa «tutelle» sur le Liban au moment où ce pays entre dans une phase de confusion, avec notamment une série d'attentats ciblant le quartier chrétien de Beyrouth. Le dernier en date a soufflé un centre commercial faisant deux morts et deux blessés. Cela dit, l'origine de la crise, à savoir l'assassinat de l'ancien Premier ministre du Liban, Rafik Hariri, est loin d'être évacuée par l'institution onusienne puisque, dans son discours devant le Sommet d'Alger, Kofi Annan a évoqué la nécessité d' «une enquête plus complète». Le premier responsable de l'ONU, visiblement insatisfait des conclusions de la commission d'enquête internationale, a déclaré qu'il comptait «publier dans les jours qui suivent le rapport établi par la commission d'enquête (...). Une enquête plus complète pourrait également être nécessaire». Dans cette même allocution, le secrétaire général de l'ONU a ainsi qualifié la décision prise par Damas de retirer ses troupes du Liban: «Je trouve encourageant que le président syrien Bachar Al-Assad ait promis à mon envoyé spécial que la Syrie appliquerait pleinement et intégralement la résolution 1559 du Conseil de sécurité». Cela dit, le secrétaire général de l'ONU s'est tout de même montré ferme sur le sujet en avançant une sorte d'échéancier. «J'attends de toute l'armée syrienne, y compris son appareil de renseignement et ses moyens militaires, qu'elle se retire complètement du Liban avant la tenue d'élections parlementaires libanaises. Ces élections doivent être libres et équitables et avoir lieu comme prévu», a-t-il déclaré. Plus précis, Kofi Annan annonce la couleur: «Mon envoyé spécial retournera dans la région durant la première semaine du mois d'avril» concrétiser sur le terrain la promesse faite par Al Assad. Ainsi, le conflit syro-libanais dans lequel Français et Américains se sont ingérés, trouve un sérieux début de solution à Alger.