Ce qui est important pour le quai d'Orsay, c'est que le retrait soit «effectif et complet». Les modalités de retrait des forces syriennes du Liban vont être, indiquent des sources concordantes, fixées au plus tard à la fin de la semaine. Une réunion au sommet regroupant les présidents Lahoud et Al Assad et les chefs d'état-major des deux pays se tiendra, aujourd'hui, à Damas. Cela au moment où la décision du retrait des unités syriennes stationnées au Liban continue de susciter des réactions mitigées. Qualifiée de «premier pas» par la Grande-Bretagne et jugée «insuffisante» par les Etats-Unis, l'annonce par le président Bachar Al Assad du redéploiement des troupes syriennes a fait l'objet de réactions contradictoires. Pour le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, la décision du président syrien doit être appliquée le plus tôt possible. «J'ai appris avec plaisir que dans un premier pas, le président syrien a annoncé que la Syrie va commencer à appliquer l'accord de Taëf en redéployant ses troupes vers la plaine de la Bekaa». Se référant à la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU, Straw dit attendre que «le retrait des troupes syriennes du Liban progresse rapidement». Paris a pour sa part jugé positive l'annonce syrienne mais attend «des actes concrets». Le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, a qualifié le discours du président syrien d' «important». Il ne fait aucun doute, selon le chef de la diplomatie française, qu'«il y a dans la bouche du président syrien un engagement et une occasion assez solennelle de mettre en oeuvre la résolution 1559». Ce qui est important pour le quai d'Orsay, c'est que le retrait soit «effectif et complet». Abondant dans l'esprit du discours de M.Al Assad, le ministre français des AE a souligné qu'il fallait un calendrier pour ce retrait et qu'il appartenait aux Nations unies de juger de sa crédibilité. «Nous sommes en droit de demander un calendrier et de dire quelle doit être la crédibilité de ce calendrier» a-t-il dit. La mesure syrienne a été, par ailleurs, qualifiée d'«insuffisante» par le département d'Etat américain. Les Américains regrettent, en effet, de ne pas avoir entendu dans le discours du président syrien les mots «retrait immédiat et complet». Pour l'administration Bush, «il n'y avait rien de neuf dans ce discours, nous avons déjà entendu ces propos dans le passé». «Ce que nous demandons, c'est un retrait immédiat des troupes étrangères au Liban», a rappelé Adam Ereli, porte-parole du département d'Etat. Il convient de rappeler que le président américain George W.Bush avait affirmé vendredi qu'il ne se contenterait pas de demi-mesures de la part de la Syrie, appelant de nouveau Damas à retirer ses troupes du Liban. Par ailleurs, et contrairement à leurs divergences par rapport à la guerre en Irak, la France et les Etats-Unis semblent adopter la même position. Bush a d'ailleurs rappelé «l'étroite collaboration» entre les Etats-Unis et la France «pour obtenir le vote de la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies...». Côté arabe, la pleine satisfaction, puisque le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa a annoncé que le retrait des troupes syriennes est un «début d'un processus positif». Avant d'ajouter que «le plan Assad constituera une application de l'accord de Taëf et s'inscrira également dans le cadre des exigences de la 1559» qui réclame le départ des troupes de Damas du Liban. La même impression a été enregistrée chez le président égyptien, pour qui la décision de son homologue syrien est «encourageante». Enfin, acteur et tirant à chaque fois profit des développement dans la région du Proche-Orient, Israël qui veut sans doute davantage de concessions a qualifié, hier, par la voix de son chef de la diplomatie, Sylvain Shalom, la mesure syrienne de «mesure cosmétique». Shalom poussera le bouchon encore plus loin en estimant que «les Syriens sont dangereux. Ils sont toujours mêlés aux attaques terroristes visant Israël d'une part, et les Américains en Irak d'autre part». Ce qui résume toutes les intentions israéliennes par rapport à ses convoitises en Syrie.