Lors de ce congrès, les études présentées orientent la prise en charge vers une nouvelle démarche thérapeutique chez le patient diabétique. «Aujourd'hui, chaque patient diabétique doit être pris en charge selon les spécificités de sa maladie. Le schéma thérapeutique doit être défini selon le profil du patient, c'est pourquoi nous parlons de traitement personnalisé», signale le Pr Mourad Sermrouni, endocrinologue, qui a pris part à cette rencontre scientifique internationale qui a vu la participation de 130 pays et 16 000 participants, avant de préciser que l'objectif recherché est la prévention et la réduction des complications. Des recommandations ont donc été formulées et qui consistent à prendre des mesures dans la démarche thérapeutique qui vise à réduire l'hémoglobine glyquée dans le sang (HbA1c), ce qui réduirait automatiquement le contrôle glycémique et surtout les complications cardiovasculaires. Les spécialistes parlent, études à l'appui, de l'abandon du schéma thérapeutique traditionnel et d'aller vers la nouvelle approche basée sur le patient, car c'est le profil qui indique le choix thérapeutique, ils sont unanimes à le souligner. Dans ce schéma traditionnel, le traitement pas à pas est mis en place, a indiqué le Pr Brouri, chef de service de médecine interne à l'hôpital de Bitraria, aujourd'hui l'indication pour la prise d'un médicament ou l'associer à d'autres est dictée selon certains paramètres. On peut donc aller vers une association de deux à quatre médicaments pour faire bénéficier le patient, tout en agissant sur les différents mécanismes et les dysfonctionnements responsables du diabète afin de pouvoir réduire plus tôt les complications, notamment cardiovasculaires responsables des décès. «Des études ont montré que cette approche, basée sur l'association des médicaments dès le début de la maladie et en fonction de plusieurs facteurs liés à l'état du patient, a permis de réduire de manière considérable le taux de l'AbA1c de manière spectaculaire en quelque années. 70% des diabétiques ont pu être équilibrés aux normes requises, à savoir une HbA1c inférieure ou égale à 7, contrairement à ce qui est constaté chez nous ou seulement 30% des patients sont équilibrés», a indiqué le Pr Semrouni, et de préciser que sur une panoplie de thérapeutiques, selon Etudes Leader et Empareg, présentées lors de ce congrès, la famille des inhibiteurs SGlt2 (Empaglyphosine) et les analogues Glp1 «liraglutide» (Victosa))- qui répondent aux exigences des autorités sanitaires internationales, dont le FDA sur la réduction des complications cardiovasculaires et la mortalité- sont d'un grand bénéfice pour les diabétiques de type 2 et réduisent la mortalité dues à ces complications chez cette population respectivement de 40% et 22%. En plus de la diminution des risques cardiovasculaires de retarder la prise d'insuline, cette nouvelle molécule Victoza, qui consiste à faire une injection par jour, permet une chute de poids spectaculaire. «Avec six mois de traitement, on constate une perte de 7 à 8 kg», a-t-il ajouté, en précisant que les résultats de l'étude Leader ont montré également que les patients ne risquent pas les hypoglycémies. «Ce type de traitement est aujourd'hui très bénéfique pour les patients et les collectivités locales, sachant que des économies sont forcément possibles, car cela évitera les complications. Si on arrive à réduire les événements cardiovasculaires chez un patient diabétique de type 2, il est évident que les examens d'exploration sont automatiquement réduits. Comme il est aussi possible de réduire des dépenses faramineuses pour l'auto-contrôle qui représente aujourd'hui un budget important. C'est pourquoi, il est essentiel d'adopter une stratégie à long terme et prendre en compte les coûts des traitements, mais aussi les bénéfices sur les complications. Le budget alloué en Allemagne aux complications et de 55%. Le bénéfice est énorme lorsqu'on arrive à réduire les atteintes des organes», note le Pr Brouri, qui tient à préciser que des recommandations sont établies pour la prescription de ces produits. Une prescription qui doit répondre bien sûr à des critères précis. Pour ce faire, des cycles de formation au profit des médecins généralistes sont assurées par les différentes sociétés savantes. La formation est fondamentale pour poser l'indication et le suivi des patients diabétiques, car la maladie est complexe et évolutive. «La prise en charge doit aussi évoluer et nous devons nous adapter aux recommandations internationales et s'inscrire dans cette nouvelle démarche», précise le Pr Semrouni. Les spécialistes algériens souhaitent que ces nouvelles thérapies viennent enrichir l'arsenal thérapeutique déjà existant et que l'Algérie ne soit pas en marge de cette évolution.