La banque a également examiné les enjeux et les possibilités associés à la double transition vers les nouveaux programmes de développement, l'un mondial et l'autre continental, qui ont été adoptés en 2015. Il s'agit du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et de l'Agenda 2063 de l'Union africaine. Pour ces deux chantiers, des conditions sont à assurer à tous les niveaux. C'est ce qu'a conclu le panel réuni le 21 septembre dernier à New York en marge de la 71e Assemblée générale des Nations unies afin de débattre des perspectives de développement pour l'Afrique et de présider au lancement conjoint du Rapport de transition OMD-ODD 2016 : «Vers une approche intégrée et cohérente du développement durable en Afrique». Pour les experts de la BAD, les pays africains auront besoin de données, de statistiques et de processus de coordination des politiques améliorées pour assurer le succès de la mise en œuvre des ODD et la convergence avec l'Agenda 2063 de l'Union africaine (UA) considéré comme la feuille de route de l'Afrique pour le développement. En effet, pour garantir une mise en œuvre efficace des nouveaux programmes aux niveaux mondial et continental, le Rapport de transition 2016 souligne la nécessité que les pays renforcent leurs capacités en matière d'élaboration de politiques fondées sur la preuve et d'améliorer la coordination institutionnelle pour veiller à ce que la mise en œuvre des deux programmes implique une prise en compte équilibrée des trois dimensions du développement. Le message se résume donc ainsi : «Une coordination institutionnelle efficace et des dispositifs statistiques solides pour appuyer l'élaboration de politiques fondées sur la preuve et leur suivi». Des outils qui, faut-il le noter, font dont cruellement défaut dans la majorité des pays africains où le système de gouvernance est fortement décrié. Ce qui appelle à une révolution dans ce domaine. Les rédacteurs dudit rapport n'ont pas manqué de le souligner. L'implication des institutions est primordiale Ils ont relevé l'importance que jouent les institutions dans la mise en œuvre d'un programme de développement durable. «La corrélation des objectifs, cibles et indicateurs de développement durable avec leurs attributs transversaux, exige une architecture institutionnelle qui favorise la coordination intersectorielle, maximise les synergies multidisciplinaires et la cohérence des politique», estiment les experts de la BAD, qui poursuivent : «Des arrangements institutionnels qui tirent le meilleur parti des apports de la science et des communautés autochtones viendront renforcer l'élaboration des politiques et créer les conditions les meilleures pour atteindre les ODD.» Car, estime-t-on encore à ce niveau : «Le manque de données empêche les pays d'établir des références, de suivre des indicateurs de performance et de renforcer leurs politiques en se fondant sur des données factuelles. Les données nécessaires pour évaluer le nombre considérable de buts, de cibles et d'indicateurs des ODD sont immenses et bien au- dessus des moyens et des capacités de la plupart des pays, notamment ceux en développement. Ainsi, l'Afrique doit réaliser une révolution en matière de collecte de données et de coordination sectorielle», conclut-on à ce sujet. Il y a lieu donc de mettre en place des systèmes de statistiques solides qui permettent de développer des politiques basées sur des données établies et de suivre les progrès. Diversifier la base économique Sur un autre plan, le document de la BAD met en exergue la nécessité d'opérer en Afrique des transformations sur les structures économiques afin de diversifier sa base économique, créer des emplois pour les nombreux jeunes et femmes chômeurs et commencer à inverser les fortes tendances d'inégalité sur le continent. «Il y a plusieurs leçons à tirer de l'impact des tendances de pauvreté et d'inégalité sur la croissance que l'Afrique a connu au cours des 10 dernières années. Les progrès vers l'élimination de la pauvreté seront largement tributaires d'une croissance inclusive et soutenue», prévient-on à ce sujet. Le document attire par ailleurs l'attention sur la réalisation partielle des engagements de l'Aide publique au développement (APD) par les partenaires au développement.